Réchauffement climatique de 1,5°C : GIEC, on le franchira en 2032
Le seuil de réchauffement climatique de 1,5°C est l’objectif climatique pour cette décennie
(Rinnovabili.it) – Même dans le respect de la lettre des engagements climatiques déposés à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (Unfccc), nous atteindrons le seuil de réchauffement climatique de 1,5°C d’ici 2032 au plus tard, en seulement 9 ans. Cela a été calculé par le GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, dans un document joint à Rapport de synthèse AR6 sortie le 17 avril.
Pourquoi est-il bon de ne pas dépasser 1,5°C ?
Ces dernières années, de nombreuses études, utilisant différentes méthodologies et points de départ, ont fourni des estimations de la date la plus probable à laquelle nous franchirons le seuil plus ambitieux établi par l’Accord de Paris. Avec un réchauffement climatique de 1,5 degré et plus, selon les scientifiques, l’impact de la crise climatique devient nettement plus important et nous pouvons déclencher des mécanismes de rétroaction positive qui conduisent à la dégradation rapide, et donc à l’effondrement, d’écosystèmes entiers. Leurs interactions avec le reste de la planète sont complexes à appréhender et cela entretient la possibilité qu’un effet domino puisse se déclencher avec des conséquences très graves.
Selon le Podsdam PIK, aller au-delà de 1,5 degrés la probabilité de déclencher un point de basculement augmente de 72 % (nous avons déjà dépassé le niveau de réchauffement climatique considéré comme « sûr » : il est de +1°C). Une étude menée par l’Institut Max Planck de météorologie de Hambourg publiée l’an dernier fixe 2035 comme l’année la plus probable du dépassement, la calculant sur la base des dernières données fournies par le GIEC avec l’AR6 WGII. En 2018, le GIEC lui-même dans son rapport spécial sur 1,5 degrés fixé la date fatidique dans une fourchette qui va de 2030 à 2052.
Les nouvelles estimations du GIEC d’un réchauffement climatique de 1,5°C
Comment le dernier rapport du GIEC arrive-t-il à la date de 2032 ? Le point de départ est le émissions incorporées dans les CDNles soi-disant « contributions déterminées au niveau national » (Nationally Determined Contributions), c’est-à-dire les promesses sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre que chacun des 193 États qui font partie de la CCNUCC et participent aux différents Cops sont tenus de officiellement dépôt et mise à jour dans le temps.
En calculant la charge climatique des CDN, le GIEC estime que les émissions cumulées sur la période 2020-2030 seront 420-440 milliards de tonnes de CO2 (Gt CO2). La partie supérieure de la fourchette reflète le respect des seules contributions inconditionnelles, c’est-à-dire celles que les pays s’engagent à respecter avec leurs seules ressources propres. La valeur inférieure reflète également la contribution des contributions conditionnelles, c’est-à-dire celles que les pays fourniront s’ils reçoivent une aide financière adéquate.
Le GIEC prend ensuite l’estimation médiane, 430 Gt CO2et le compare au budget carbone restant à rester en dessous de 1,5°C de réchauffement climatique, soit 500 Gt de CO2 émis cumulativement à partir de 2020 pour avoir au moins 50 % de probabilité d’atteindre le seuil (données tirées du premier des trois rapports du rapport d’évaluation 6 publié entre 2021 et 2022, leAR6 WGI). « Les émissions cumulées de CO2 en 2020-2030 équivalent à 86 % du budget carbone restant, laissant un budget carbone post-2030 d’environ 70 (60-80) Gt de CO2, ce qui équivaut à environ deux ans d’émissions totales de CO2 projetées pour 2030”, conclut le GIEC. Après encore 7 ans, c’est-à-dire avant 2040, avec le même contenu d’émission, nous atteindrions 1,7°C de réchauffement climatique.
Lire ici l’addendum au rapport de synthèse du GIEC