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Comment lutter contre les insectes qui peuvent transmettre des maladies à l’homme sans nuire à ceux qui ne le peuvent pas ?

Les insectes font partie de l’écosystème et ont des effets bénéfiques. Mais il y en a qui peuvent être très dangereux en raison de leur vilaine habitude d’être vecteurs de maladies comme le paludisme ou de ravageurs agricoles comme le paludisme. Par conséquent, lutter contre certains types d’insectes peut sauver des vies directement, ou indirectement en préservant les cultures et en empêchant les populations de mourir de faim. La façon traditionnelle de se défendre contre les insectes consiste à utiliser des insecticides. Cela pose plusieurs problèmes. D’une part, le manque de spécificité. Nous ne sommes peut-être gênés que par une seule espèce, mais avec l’utilisation d’insecticides, nous les tuons toutes, l’impact écologique est donc bien plus important, puisque nous tuons également les insectes utiles. Un autre problème est que certains des insecticides utilisés étaient des produits chimiques persistants, de sorte qu’ils restent longtemps dans l’environnement, provoquant de graves altérations des écosystèmes.

Une façon d’éviter cet impact environnemental grave serait de contrôler spécifiquement les populations des espèces qui nous posent problème. Cela pourrait se faire chimiquement en libérant dans l’environnement des hormones qui empêchent le passage à la phase adulte, ou des phéromones qui leur font croire qu’un bel insecte prêt à copuler les attend, alors qu’en réalité ils tombent dans un piège mortel. Le problème de ces méthodes est que parfois les molécules nécessaires sont très coûteuses et ne sont pas toujours aussi spécifiques qu’on le souhaiterait. Une stratégie plus efficace consisterait à stériliser une population d’insectes mâles par radioactivité. Dans la nature, ces mâles s’accoupleront avec les femelles, mais ne produiront pas de progéniture. Cette technique est utilisée depuis un certain temps avec des résultats raisonnables, même si elle n’est pas efficace à 100% et que l’utilisation de la radioactivité implique l’apparition de mutations et il se pourrait (peu probable) que certaines apportent une certaine amélioration à l’insecte, et un problème à l’envers pour nous.

Cependant, le génie génétique nous aide. CRISPR/Cas9 est une technologie qui nous permet d’effectuer une modification spécifique à un site spécifique du génome de tout organisme vivant. Nous pouvons lui donner une tournure et, au lieu d’utiliser cette technique sur le génome d’un insecte en effectuant un changement spécifique, nous transformons un insecte pour que son génome contienne tout le nécessaire pour que CRISPR/Cas9 soit activé. temps et induire la stérilité. Ce serait comme cacher dans votre génome un ensemble complet de CRISPR/Cas9 et les instructions pour modifier un gène spécifique afin de produire la stérilité. Quel est l’avantage ? Si l’on se contente de disperser les mâles stériles, ceux qui ne le sont pas (la stérilisation n’est jamais à 100 % et il faut rivaliser avec la population indigène) continueront à procréer, et en quelques générations l’effet aura disparu.

Il faut tenir compte du fait que dans une population naturelle se produit un équilibre de Hardy-Weinberg, ce qui signifie qu’en l’absence d’influences extérieures, les différentes versions d’un même gène sont toujours dans la même proportion. Si nous libérions des mâles avec une copie du gène muté par les méthodes traditionnelles, la première génération avec des femelles indigènes donnerait naissance à des insectes sains, mais avec une copie endommagée. La prochaine génération, en suivant les lois de Mendel, nous ne pourrions réduire que 25 % de la population, c’est-à-dire les individus qui auraient hérité des deux copies du gène muté. Lorsque ce que nous libérons dans l’environnement sont des insectes transformés avec le kit CRISPR/Cas9, une technique appelée génétique dirigée (en anglais), nous obtenons que la mutation se réplique dans le génome et que l’équilibre de Hardy-Weinberg soit rompu, par exemple. dont la diminution de la population serait supérieure à 25% et augmenterait à mesure que le gène se propage dans les générations suivantes. Et le principal avantage, étant une modification génétique, ne peut être transmise qu’au sein d’une même espèce et n’affecte pas les insectes qui ne peuvent pas s’hybrider. Lutte antiparasitaire sur mesure et avec le plus faible impact environnemental.

Paludisme et chikungunya

— Il existe actuellement plusieurs essais sur le terrain dans lesquels des moustiques génétiquement modifiés sont utilisés pour évaluer leur efficacité dans la lutte antiparasitaire.

—Ces approches sont expérimentées contre des maladies transmises par des insectes comme le paludisme et surtout contre des maladies émergentes comme le Zika ou le chikungunya, maladies des pays pauvres pour lesquelles les ressources nécessaires ne sont pas toujours investies.

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