déshydratation de l'atmosphère vs réchauffement climatique
La technique de géo-ingénierie climatique utiliserait 2 kg de triiodure de bismuth par semaine
(Rinnovabili.it) – Déshydrater artificiellement la stratosphère pour ralentir le réchauffement climatique. En agissant sur l’un des gaz à effet de serre qui retient le moins l’attention des politiques climatiques, le vapeur d'eau. Et en utilisant une technique déjà utilisée aujourd'hui, l'ensemencement des nuages, mais en déplaçant l'intervention juste avant que les particules n'atteignent la 2ème des 5 couches qui composent l'atmosphère de la Planète. C'est la solution géoingénierie climatique proposé par une étude du Chemical Sciences Lab de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis, publié sur Avancées scientifiques.
L’idée derrière cette technique de géo-ingénierie climatique est d’empêcher l’air humide, chargé de vapeur d’eau, d’atteindre la stratosphère. Comme, comment? En dispersant des particules à haute altitude qui facilitent la formation des nuages. Cela réduirait la concentration de vapeur d'eau au-dessus de 9 à 17 km au-dessus du niveau de la mer, où elle peut rester pendant des années, absorbant la chaleur du rayonnement solaire et la réfléchissant vers la Terre. On estime que l’augmentation de la vapeur d’eau dans la stratosphère dans les années 1990 a contribué à 30 % de l’augmentation de la température mondiale enregistrée au cours de cette décennie.
Avantages et incertitudes de la géo-ingénierie climatique via la déshydratation stratosphérique intentionnelle
Cette technique, baptisée « déshydratation stratosphérique intentionnelle », présenterait certains avantages par rapport aux autres hypothèses de géo-ingénierie climatique proposées au fil des années. La première : vous pouvez utiliser le triiodure de bismuthun composé non toxique déjà utilisé pour stimuler la nucléation de la glace dans les nuages.
Deuxième avantage : l'intervention peut être concentrée sur une très petite zone, mais avec des effets globaux. La vapeur d’eau n’atteint la stratosphère que grâce à de très forts courants ascendants, et il existe peu d’endroits sur la planète suffisamment chauds pour les générer. Le principal est de la taille de l’Australie et se situe dans le secteur équatorial du Pacifique.
D’autres caractéristiques du phénomène rendent moins complexes la logistique et la durabilité d’une telle intervention de géo-ingénierie climatique. Sur la zone affectée par de puissants courants ascendants, la moitié de la vapeur d'eau présente est concentrée dans 1% de la masse d'air. On peut donc identifier ce 1% et y concentrer l'intervention. Une intervention qui peut être réalisée avec des drones ou des sondes, sans recours à des avions. Et cela nécessiterait une quantité limitée de matériel : seulement 2 kg par semaineselon les calculs présentés dans l’étude.
Il existe évidemment de nombreuses incertitudes quant à l’efficacité et à la sécurité de la déshydratation stratosphérique intentionnelle. Un risque est de favoriser la formation de corps nuageux comme cirrus, qui réfléchissent peu le rayonnement solaire de la planète mais absorbent beaucoup de rayonnement infrarouge de la surface de la Terre et le stockent. Si cela se produisait, l’intervention aurait un effet de réchauffement, et non de refroidissement, sur le thermomètre mondial. Et il existe également des doutes quant à l'opportunité de tester la technique compte tenu des bénéfices limités : on estime que pourrait réduire seulement 1,4 % du réchauffement climatique anthropique cumulé depuis l’ère industrielle jusqu’à aujourd’hui.