EL PAÍS

Et si on interdisait les vols courts ?

Un groupe d’activistes de Greenpeace et d’Extinction Rebellion occupe le salon principal de l’aéroport de Schiphol à Amsterdam, aux Pays-Bas, le 5 novembre.Romy Arroyo Fernandez (NurPhoto via Getty Images)

Un moyen de transport est dans le collimateur de nombreux militants écologistes depuis des années : l’avion. La faute en est aux émissions de gaz à effet de serre si élevées que les avions expulsent pour transporter des passagers par rapport à d’autres alternatives plus propres telles que le train. Depuis la (honte de voler, en suédois) qui s’est répandue parmi de nombreux jeunes militants en 2019, il y a eu un débat sur la question de savoir si les gouvernements devraient opposer leur veto aux vols court-courriers lorsqu’il existe une alternative au train.

C’est ce qu’entend faire la France, qui a reçu ce mois-ci le feu vert de la Commission européenne pour appliquer cette interdiction. Sa loi sur le changement climatique le prévoit et finalement Bruxelles a accepté que cela puisse se faire lorsqu’il est possible de parcourir le même trajet en train en moins de deux heures et demie. Pour le moment, la mesure (qui n’a pas encore de date d’application) toucherait trois itinéraires. Dans le même temps, les institutions européennes ont convenu de resserrer le marché des émissions afin que les compagnies aériennes paient davantage pour le dioxyde de carbone émis par les vols au sein de l’UE. Et au sein de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), des travaux sont en cours pour mettre en place un système volontaire de compensation des émissions de ce secteur à travers le monde pour contribuer à la lutte contre le changement climatique.

Mais dans quelle mesure l’aviation contribue-t-elle au problème du réchauffement climatique ? Selon le dernier rapport d’examen du GIEC – le groupe d’experts des Nations Unies qui jette les bases de la science du changement climatique -, les vols ont expulsé 2,79% de toutes les émissions de dioxyde de carbone en 2019 (le principal gaz à effet de serre) de l’économie mondiale. Mais le même GIEC a donné un exemple : seulement 1 % de la population mondiale est responsable de 50 % de toutes les émissions de l’aviation commerciale sur la planète. L’ensemble du secteur des transports accumule 23 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone. Les véhicules routiers sont responsables de 70 % des émissions des transports, suivis par l’aérien (12 %), le maritime (11 %) et le ferroviaire (1 %).

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De plus, le taux de croissance des émissions de l’aviation inquiète les scientifiques et les militants. Entre 2010 et 2019, les gaz à effet de serre émis par les vols intérieurs et internationaux ont augmenté au rythme annuel de 3,3 %, le rythme le plus élevé de l’ensemble du secteur des transports (ceux des déplacements routiers ont augmenté au rythme de 1,7 %, par exemple). Et ce qui est prédit pour les décennies à venir, c’est que cette course à la hausse se poursuivra si des mesures vraiment efficaces ne sont pas appliquées pour remplacer les combustibles fossiles actuels qui alimentent les appareils.

Dans la lutte mondiale contre le changement climatique, il existe une échappatoire: l’aviation et le transport maritime international, dont aucun pays n’est responsable des émissions et, par conséquent, ils sont exclus des plans nationaux de réduction des gaz que tous les signataires de l’accord de Paris doivent présenter . Cela rend le niveau d’ambition plus bas dans les deux secteurs, comme l’ont mis en garde les experts du GIEC dans ce dernier rapport, publié en avril. « Dans certains cas, notamment dans l’aviation et le transport maritime, des accords sectoriels ont adopté des objectifs d’atténuation du climat bien en deçà de ce qui serait requis pour atteindre l’objectif de température à long terme de l’accord de Paris », préviennent-ils.

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