Les dépenses énergétiques des ménages modestes augmentent de plus de 70 % en deux ans

Les dépenses énergétiques des ménages modestes augmentent de plus de 70 % en deux ans

Une facture d’électricité, dans un fichier image.Eduardo Parra (Europa Press)

La crise énergétique est un énorme casse-tête pour tous les Espagnols. Le coup est pourtant loin d’être symétrique : ces deux dernières années, les 20 % de ménages aux revenus les plus faibles ont fini par débourser 754 euros par an, soit une augmentation de près de 73 % de leurs dépenses énergétiques, alors que les La hausse subie par le quintile le plus riche est notablement plus faible, de 64% (de 1.585 à 2.597 euros), selon des données publiées ce mercredi par le cabinet d’analyse Économétrie de Cambridge.

Dans les couches intermédiaires, le piratage sera tout aussi important, quoique également moindre que dans le cas des familles modestes : les classes moyennes inférieures verront leur facture énergétique augmenter de 60 % ; la moyenne-moyenne, de 57 % ; et le moyen-élevé, de 65%. Le cabinet de conseil britannique met en lumière et chiffre un schéma commun à presque tous les épisodes inflationnistes : bien que pratiquement tout le monde soit perdant, la morsure est plus forte pour ceux qui reçoivent moins et ont moins.

Ces derniers mois, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont recommandé aux gouvernements de concentrer leur aide sur les groupes les plus vulnérables, en évitant autant que possible les mesures de caractère universel pour empêcher la crise de se traduire dans une augmentation des inégalités.

L’énergie est, avec l’alimentation, le poste de dépense le plus transversal à l’ensemble de l’échelle des revenus, dans lequel les ménages à faible revenu dépensent une part plus importante de leurs revenus et dans lequel les dépenses peuvent être le moins réduites : ils en ont besoin pour des choses telles que basiques comme chauffer leur maison ou cuisiner. « Même si [en términos absolutos] ils dépensent moins que les plus riches, la proportion sur leurs revenus est plus grande », vérifient les techniciens de Cambridge Econometrics. Selon les estimations du consultant britannique, les ménages du dernier quintile de revenu consacreront cette année près de 9 % de leurs revenus au paiement des factures énergétiques, soit plus de trois points de pourcentage de plus qu’il y a deux ans. En revanche, le quintile le plus riche ne laissera que 5 % de ses émoluments.

L’électricité et le gaz doublent leur prix en 24 mois

Le prix final de l’électricité et du gaz, celui payé par les consommateurs domestiques, a presque doublé entre août 2020 et le même en 2022, contre une hausse de 14 % de l’IPC général. Au cours de la dernière année, l’énergie est directement responsable d’un peu plus d’un tiers de l’explosion inflationniste, sans tenir compte des effets indirects en cascade sur le reste de l’indice.

Le consultant britannique souligne que les dépenses énergétiques des ménages ont été allégées par les plans de soutien successifs lancés par le gouvernement espagnol, de l’aide de 20 cents par litre de carburant aux réductions de taxes sur l’électricité grâce à la gratuité du chemin de fer Cercanías et Media Distancia abonnements. Ils sont de 35 000 millions d’euros au total (près de 3 % du PIB), un montant conséquent, mais à des années-lumière de la bouée de sauvetage avec laquelle l’Allemagne a rompu le pont européen (200 000 millions, soit près de 5 % de son PIB).

« [La mayoría de] estas intervenciones entraron en vigor en abril, pero los datos apuntan a que los hogares aún encaran precios de la energía superiores a los de un año atrás”, se lee en el estudio, que pone en valor la llamada excepción ibérica: “Desde entonces, les prix [mayoristas] d’électricité ont été significativement plus faibles que dans d’autres pays de l’UE, (…) bien qu’à un coût élevé ».

Les statistiques de Cambridge Econometrics ne tiennent toujours pas compte de la baisse récente du prix du gaz naturel, qui s’est également répercutée sur le marché de l’électricité sous la forme d’une baisse des prix. La dernière tranche d’aide, de 3 milliards, n’est pas non plus entièrement destinée à ce que les ménages disposant d’une chaudière collective puissent bénéficier du tarif réglementé du gaz, bien moins cher que le tarif gratuit.

Les énergies renouvelables, une partie de la solution

Au-delà des mesures d’urgence pour atténuer les dégâts dans les poches des ménages, le cabinet d’analyse recommande d’accélérer le rythme dans les renouvelables. Plus encore, dans un pays comme l’Espagne, avec de vastes ressources de soleil et de vent. « Elles sont beaucoup moins chères que l’électricité produite avec des carburants renouvelables. [gas y carbón] et conduira à un prix de gros plus bas et à un moindre besoin d’aides gouvernementales », glisse le texte, qui appelle à augmenter les taxes environnementales afin que les émissions soient « convenablement reflétées » dans le prix des énergies fossiles.

Au cours des deux dernières décennies, l’expansion progressive de l’éolien, du solaire et, dans une bien moindre mesure, de la biomasse a réduit le poids des importations nettes sur l’énergie totale consommée de 78 % à 68 %. Un chiffre qui va augmenter dans les années à venir. « L’électrification accrue des transports, de l’industrie et du chauffage, associée à une expansion des énergies vertes, peut réduire davantage l’exposition des ménages et des entreprises à la volatilité des prix des énergies fossiles. Cela aiderait l’Espagne à être moins dépendante des achats de combustibles fossiles à l’étranger ».

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