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L’ONU prévient que les émissions de CO₂ continuent d’augmenter malgré la nécessité de « réductions immédiates »

Les émissions liées à la combustion de combustibles fossiles de dioxyde de carbone (CO₂), principal gaz à effet de serre à l’origine du changement climatique, continuent d’augmenter sur la planète. L’année dernière, ils ont augmenté de 1 % par rapport à 2021, en raison de la consommation de pétrole alors que le secteur de l’aviation s’est complètement remis de la pandémie. Les données préliminaires pour 2023 ne laissent pas entrevoir le changement de cap rapide et radical nécessaire pour faire face à cette crise. Car les émissions mondiales de CO₂ liées aux carburants au cours des six premiers mois de 2023 ont augmenté de 0,3% par rapport à la même période de 2022.

Ceci est indiqué dans le rapport Unis dans la Science 2023, qui est coordonné par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), dépendant des Nations Unies, et auquel participent plusieurs organisations et agences internationales. « Les activités humaines associées aux émissions de gaz à effet de serre ont sans équivoque provoqué le réchauffement climatique », prévient ce rapport, approuvant les conclusions de la dernière grande étude de la science du climat préparée par le GIEC, le groupe d’experts qui examine périodiquement le réchauffement climatique aux rayons X.

L’augmentation de la température mondiale est actuellement d’environ 1,15 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels. Autrement dit, la surface de la planète est en moyenne 1,15 degré plus chaude qu’avant que l’humanité ne commence à brûler massivement des combustibles fossiles dans la seconde moitié du XIXe siècle. L’Accord de Paris fixe l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre jusqu’à les éliminer pour laisser un réchauffement compris entre 1,5 et deux degrés. Mais le rapport dirigé par l’OMM prévient que « les politiques d’atténuation actuelles conduiront à un réchauffement climatique estimé à environ 2,8 degrés ». C’est pourquoi il a rappelé que « des réductions immédiates et sans précédent des émissions de gaz à effet de serre sont nécessaires ».

L’édition de cette année du rapport arrive à la veille de deux réunions parrainées par l’ONU qui se tiennent à New York sur les objectifs de développement durable (ODD) et l’action contre le changement climatique. L’OMM souligne que les deux questions sont étroitement liées. Selon cette organisation, l’humanité « est loin d’atteindre ses objectifs climatiques » et cela sape « les efforts mondiaux visant à lutter contre la faim, la pauvreté et la mauvaise santé, à améliorer l’accès à l’eau potable et à l’énergie et à de nombreux autres aspects du développement durable ». Et ce sont précisément les ODD, une déclaration signée en 2015 et qui établit une série d’objectifs.

Mais, comme le souligne le rapport présenté ce jeudi, « seulement 15 % des objectifs de développement durable sont en passe d’être atteints », ce qui est également lié à l’avancée du changement climatique. Par exemple, l’analyse indique que « près de 670 millions de personnes pourraient être confrontées » à un scénario de famine en 2030 et que cela est dû en partie à « des événements climatiques plus extrêmes » qui ont un impact sur la sécurité alimentaire. Il est également rappelé que des phénomènes néfastes, tels que « les vagues de chaleur, augmenteront considérablement la mauvaise santé et les décès prématurés ».

Émissions et énergies renouvelables

Entre 1970 et 2021, indique l’étude, près de 12 000 catastrophes ont été signalées en raison de phénomènes météorologiques, climatiques et hydrologiques extrêmes. Le bilan s’élève à plus de deux millions de morts et 4,3 milliards de dollars de pertes économiques. « Plus de 90 % de ces décès signalés et 60 % des pertes économiques se sont produits dans les économies en développement, compromettant le développement durable », ajoutent les auteurs du rapport.

Les organismes scientifiques préviennent que le changement climatique entraînera une augmentation de ces phénomènes extrêmes, c’est pourquoi il est nécessaire de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour les éliminer pratiquement. Cependant, ce changement n’a pas fini de se produire et un bon exemple est l’augmentation du dioxyde de carbone lié aux combustibles fossiles entre janvier et juin 2023 sur la planète.

L’OMM souligne qu’au cours de ce premier semestre, il y a eu une diminution des émissions de production dans le secteur de l’énergie et de l’usage domestique. Toutefois, dans l’industrie et les transports, ils ont augmenté. Ces estimations sont basées sur les données du projet Moniteur de carbone, qui suit le CO₂ émis par les énergies fossiles et l’industrie du ciment. Par pays, la Chine, l’Inde et la Russie sont les pays dans lesquels les émissions ont le plus augmenté au premier semestre, tandis que dans l’UE et aux États-Unis, elles ont été réduites d’environ 5 % dans chaque cas par rapport à l’année précédente. même période de 2022.

Pour éliminer les gaz à effet de serre, il est essentiel que le monde s’éloigne du pétrole, du gaz et du charbon. C’est ce qu’explique un rapport de l’ONU présenté la semaine dernière dans le cadre de la préparation du prochain sommet sur le climat, qui se tiendra à la fin de l’année à Dubaï. « Le développement des énergies renouvelables et l’élimination progressive de tous les combustibles fossiles sont des éléments essentiels », note ce document. Cette question a également été très présente lors du dernier sommet du G20, qui s’est tenu en Inde. Parmi les engagements pris lors de cette réunion figure celui de tripler les énergies renouvelables d’ici 2030. C’est le chemin qu’IRENA (l’acronyme en anglais de l’Agence internationale des énergies renouvelables) a tracé si elle veut maintenir l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 degrés.

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