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Le matériel nécessaire

Simulation du futur terminal du Port de Valence, dans une image fournie par l’Autorité Portuaire.

Un port est un élément essentiel du développement économique partout dans le monde. De par son importance et son trafic, le port de Valence est le premier d’Espagne, le quatrième d’Europe et un instrument nécessaire à l’économie valencienne et nationale. Il répond aux besoins des exportations et importations, soit 750 000 passagers sur les lignes régulières et plus de 620 000 passagers sur les croisières touristiques. Il transporte au total 80 millions de tonnes, plus de 600 000 voitures et un trafic de conteneurs de 5 millions d’unités. L’expansion nord du port de Valence a déjà réalisé ses ouvrages maritimes extérieurs depuis 2012. Les ouvrages intérieurs restent à construire et le terminal qu’il abritera est pleinement justifié par l’encombrement des actuels, qui sont à la limite de leur capacité.

L’expansion du port vers le nord représente l’investissement public-privé le plus important dans un port espagnol. La recherche développée pour étudier les effets socio-économiques et la durabilité du nouveau terminal du port de Valence, présenté en 20201, est pleinement valable. Ses résultats ont fourni des données sur l’impact du terminal d’expansion nord du port de Valence sur la création de nouveaux emplois, tant dans sa phase de construction et d’équipement, que lorsque le terminal est déjà opérationnel, de manière permanente. Et d’autres résultats très positifs en termes de salaires, d’avantages sociaux, de recettes fiscales et de valeur ajoutée, qui doivent cependant être actualisés monétairement en raison de la hausse des prix.

Parallèlement, ces recherches ont précisé les besoins en infrastructures pour le transport et la mobilité des personnes et des marchandises, notamment les terminaux multimodaux, les zones logistiques et l’amélioration du réseau routier. Les raisons pour répondre à ces besoins sont l’environnement et la connectivité nécessaire pour améliorer notre compétitivité. La congestion du réseau routier de la zone métropolitaine de Valence – sur la V-30, par exemple – est une réalité, et elle n’est pas uniquement due aux camions. La nécessité du corridor méditerranéen, un cri. Les carences ferroviaires dans toute la zone métropolitaine de Valence, tant pour les personnes que pour les marchandises, sont incontestables. Répondre aux besoins implique d’anticiper. La fourniture d’équipements, notamment de moyens de transport, nécessite des périodes de plusieurs années.

Les effets environnementaux d’un port peuvent être produits par sa construction et son exploitation. Il n’existe aucun argument scientifique ou technique qui appuie ou justifie l’affirmation selon laquelle la construction des ouvrages d’agrandissement nord du port suppose ou peut provoquer une érosion supplémentaire des plages au sud. L’étude d’impact environnemental, approuvée pour l’agrandissement nord du port, exigeait une surveillance des effets sur les plages pendant plusieurs années. Ces effets se produisent clairement et fondamentalement dans les premières années après la construction, en raison de l’effet barrière au mouvement des sédiments côtiers. Rappelons que ces travaux ont été achevés en 2012. Les résultats obtenus de ces études ont prouvé l’absence de nouveaux effets négatifs sur les plages.

Si vous souhaitez demander la correction des impacts environnementaux dus aux effets de barrière, vous devez également en faire la demande auprès de tous les ports au nord de Valence – Barcelone, Cambrils, Vinarós, Benicarló, Castellón, Borriana, Sagunt… – et auprès du des brise-lames construits sur la côte et également à tous les travaux de barrage dans les bassins fluviaux et les ravins qui se jettent dans la Méditerranée, ainsi qu’aux travaux d’urbanisation sur la côte, entre autres.

D’un autre côté, la durabilité de notre économie dépend de la décarbonation. La récente Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28) s’est conclue par un accord visant à mettre fin à l’ère des combustibles fossiles, jetant ainsi les bases d’une transition rapide, juste et équitable. Le Green Deal européen vise également dans ce sens à parvenir à une économie moderne et compétitive, basée sur la réduction de l’empreinte carbone grâce à l’autosuffisance et à la production d’énergie.

Eh bien, l’exploitation du port depuis 2018 consomme uniquement de l’énergie renouvelable et est certifiée environnementale. Le terminal de l’expansion nord sera à 0 émission, avec un fonctionnement entièrement électrifié, une autosuffisance énergétique, des connexions électriques des navires au quai et des équipements électriques à 98 %, et de l’hydrogène dans les 2 % restants. Le terminal disposera d’une gare intermodale de chargement de conteneurs sur rail à six voies. Cela permettra de s’engager à ce que 30 % des conteneurs quittent le port par chemin de fer, réduisant ainsi le trafic de camions.

En outre, le système portuaire espagnol, auquel appartient évidemment Valence, est régi par la loi par le principe d’autosuffisance économique. Cela signifie que le port est financé avec les revenus qu’il perçoit, c’est-à-dire ceux qui proviennent des tarifs et redevances qu’il applique à ses opérateurs, concessionnaires et utilisateurs pour les services fournis. C’est pour cette raison que le port ne reçoit pas un seul centime des budgets publics, ce qui n’est pas suffisamment connu. L’expansion vers le nord est une nécessité et un projet durable, qui aborde les trois composantes qui composent la durabilité : environnementale, sociale et économique. J’aimerais que davantage de nos équipements et de nos opérations soient aussi durables que le port de Valence.

Vicent Esteban Chapapria Il est professeur de ports et côtes. Institut des Transports et du Territoire. Université Polytechnique de Valence.

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