EL PAÍS

Madrid veut facturer davantage l’eau aux consommateurs disposant de grands jardins afin de réduire la consommation et de « ne pas compromettre l’approvisionnement »

Après une décennie sans augmenter le tarif de l’eau, le Canal de Isabel II veut augmenter le prix pour certains consommateurs afin de pénaliser les « consommations inefficaces ou somptueuses » en plus des consommations « non essentielles », comme, souligne-t-il, « les irrigations ». et les piscines. » Ces propos, inscrits noir sur blanc dans un projet de décret publié sur le portail régional de transparence, mettent les propriétaires de chalets dans la cible, selon l’interprétation de Vox, qui a demandé mardi, à l’Assemblée régionale, des explications sur le projet à Mariano González, PDG de l’entreprise. L’échange d’opinions tendu a laissé plusieurs certitudes. Premièrement : Madrid ne voit pas la possibilité d’augmenter les ressources conventionnelles (barrages, transferts ou puits) pour approvisionner une population croissante. Deuxièmement : le Canal considère que « la clé pour ne pas compromettre l’approvisionnement de Madrid dans les années à venir est de réduire la demande en eau par habitant », pour laquelle elle souhaite doter le système tarifaire d’une plus grande progressivité. Et troisièmement : si le projet se réalise, celui qui possède un grand jardin paiera davantage.

« J’aime les euphémismes utilisés pour cacher ce qui, en fin de compte, est une augmentation du prix de l’eau pour les usagers », a ironisé Íñigo Henríquez de Luna (Vox) à l’Assemblée. « S’il n’y a pas de problèmes de sécheresse, pourquoi pénaliser la consommation d’eau ? », s’est-il demandé après avoir rappelé que les réservoirs sont actuellement à 80% de leur capacité. et dénoncé: « Cela ressemble beaucoup à une politique de collecte d’impôts (…) Voyons s’il est vrai que le Canal entre dans le métier de l’eau, perdant sa vocation d’entreprise publique (…) Il y a une finalité financière sur le partie du canal. »

L’entreprise nie. Les ajustements tarifaires qu’elle prépare, encore en phase initiale, pourraient même entraîner une perte de revenus, affirment-ils dans l’entreprise, où l’on rappelle que l’opérateur des eaux de Barcelone a augmenté le coût de sa consommation de 33%, par rapport à aux 30% de Séville, 42% de Malaga ou 8,5% de Saragosse. « L’objectif de la modernisation de l’ouvrage n’est pas de récolter des recettes, mais de protéger et de sensibiliser », précise un porte-parole du Canal.

« Le levier des prix est l’un de ceux qui peuvent être utilisés pour moduler la consommation », a défendu González lors de sa comparution au Parlement régional. « À l’exception de ceux qui disposent d’un grand jardin, les madrilènes du bloc 1, dont la consommation domestique, soit environ 60% de la population, ne bénéficieront d’aucune mise à jour des tarifs », a-t-il expliqué. « Où va-t-il être produit ? « Chez ceux qui ont une consommation plus élevée, supérieure à 20 mètres cubes (…) C’est une proposition sélective et chirurgicale. »

Cette approche ne convainc toutefois pas l’opposition. « Les blocs de consommation sont ajustés, réduisant le m3 d’eau qui rentre dans chaque bloc, et les prix augmentent », explique Diego Cruz, du PSOE. « Mais ces aménagements se font dans tous les usages sauf commerciaux, assimilés au commercial et à l’industriel », souligne-t-il. « Nous ne pouvons pas être d’accord sur ce point, car si l’on cherche réellement à préserver la ressource en décourageant une forte consommation parce que l’eau est une denrée rare, il n’est pas logique, ou du moins nécessite une explication claire et rapide, de laisser de côté équation aux usages commerciaux, assimilés au commercial et à l’industriel, surtout quand on a des tarifs gelés depuis 10 ans», ajoute-t-il.

Tout commence en plein Noël. 22 décembre. Le conseil d’administration du Canal s’est réuni, décider « initier les procédures de modification de la structure tarifaire de l’eau dans la Communauté de Madrid, dans le but d’augmenter sa progressivité et de promouvoir ainsi une utilisation plus efficace de l’eau. »

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La sécheresse en Catalogne

C’est ainsi qu’est né un décret qui cherche à réduire la limite actuelle de 167 litres/habitant/jour pour la consommation domestique à 133 (34 de moins), avec l’argument que ses données montrent que la consommation réelle est de 121,22. « Dans ce même objectif de réduction de la consommation, les limites actuelles des blocs de consommation tarifaires sont réduites pour les groupes d’usages domestiques, assimilés aux usages domestiques et autres, et un quatrième bloc de consommation est créé pour ces mêmes groupes d’usages, ainsi que pour le groupe des usages publics d’irrigation », lit-on dans un document officiel. « Une modification tarifaire visant à encourager une consommation responsable permettrait de faire face aux périodes de sécheresse avec une plus grande garantie d’approvisionnement », avance-t-on. « La clé pour ne pas compromettre l’approvisionnement de Madrid dans les années à venir est de réduire la demande en eau par habitant. »

La dernière grande sécheresse à Madrid remonte à 2005, comme l’a expliqué González lors de sa comparution. Mais il s’agit d’un phénomène cyclique et le cas de la Catalogne sert d’avertissement. Cette région connaît la pire sécheresse jamais enregistrée, avec des réservoirs qui n’atteignent pas 20 % de leur capacité, c’est pourquoi des restrictions de consommation ont été imposées à 80 % de la population (six millions de personnes). Sans mer pour purifier l’eau et avec une population qui devrait atteindre huit millions d’habitants dans les années à venir, selon les calculs de l’Institut national de statistique, Madrid commence déjà à prendre des décisions avec un travail qui vient de commencer et qui prendra mois pour aboutir à un décret.

Comme l’a déclaré González lors de sa comparution : « Lorsque des mesures sont adoptées, comme la recherche de ressources alternatives ou l’augmentation des tarifs à des moments où il n’y a pas d’eau, elles arrivent trop tard. »

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