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Quels sont les fonds du plan social pour le climat que l'Espagne doit présenter

L'Europe vit l'un des changements les plus profonds de son histoire récente: une reconfiguration de son modèle énergétique et économique pour faire face à la crise climatique. Ce processus, promu par le pacte vert européen et renforcé avec les objectifs climatiques d'ici 2030, ne sera pas seulement technologique ou environnemental, sera avant tout social. Parce qu'il sera inutile de décarboniser l'économie si cette avance laisse des millions de personnes derrière.

L'une des mesures les plus importantes et les plus controversées du package est l'extension du marché de l'émission de l'Union européenne (MST) à des secteurs tels que le transport routier et les bâtiments, par ce qui est connu sous le nom de STD2. À partir de 2027, ce nouveau régime appliquera un coût pour chaque tonne de dioxyde de carbone émis dans ces secteurs, ce qui entraînera une augmentation du prix des combustibles fossiles utilisés pour le chauffage (comme le diesel ou le gaz naturel) et pour le transport privé privé et professionnel.

Cette mesure est essentielle pour atteindre les objectifs climatiques, car les secteurs affectés représentent plus de 50% des émissions de dioxyde de carbone en Espagne, et jusqu'à présent, elles étaient hors du système de paiement des émissions. Mais cela implique également un risque évident d'aggraver les inégalités, affectant plus dur pour ceux qui ont moins de ressources à s'adapter: les personnes vivant dans des logements mal isolés qui dépendent même de combustibles fossiles, dans des zones sans alternatives de transport public ou qui dépendent de vieux véhicules et très polluant pour leur mobilité quotidienne ou pour l'exécution de leur activité professionnelle.

Pour contrer ces effets, l'Union européenne a créé le Fonds social pour le climat (FSC), un outil dont l'objectif est de s'assurer que la transition énergétique est équitable, juste et ne laisse personne derrière. Doté de 65 000 millions d'euros entre 2026 et 2032, le fonds sera nourri par le revenu de ETS2 lui-même.

Il appartient à l'Espagne pour 10,52% du total européen, ce qui se traduit par environ 6 800 millions d'euros du Fonds européen, qui doit être complété par au moins 25% de fonds nationaux supplémentaires. Au total, le FSC en Espagne atteindra 9 000 millions d'euros au cours de cette période. Un chiffre très significatif, qui peut et doit être utilisé pour soutenir directement les maisons vulnérables, les utilisateurs de transport vulnérables et les microenterpés qui seront plus affectés par la hausse du coût des combustibles fossiles.

Les fonds peuvent être utilisés pour des actions structurelles telles que la réhabilitation énergétique des logements, l'électrification du transport routier et l'amélioration de la mobilité durable, l'accès aux énergies renouvelables ou le remplacement des systèmes de chauffage polluants par des pompes à chaleur, entre autres. De manière complémentaire et temporaire, les aides à la location directes seront également autorisées, conçues pour soulager l'impact immédiat de l'augmentation des prix jusqu'à ce que des solutions structurelles soient disponibles.

Mais pour pouvoir utiliser ces fonds, les États membres doivent présenter dans les prochains mois un plan social pour le climat (PSC) qui détaille les mesures qu'ils mettront en œuvre, comment ils s'assureront qu'ils atteignent le plus ceux qui en ont le plus besoin, comment ils éviteront les effets régressifs et comment ils coordonneront avec d'autres programmes existants. Le plan doit être approuvé par la Commission européenne avant la fin de 2025, afin que l'aide puisse être lancée à partir de 2026.

L'Espagne part d'une situation particulièrement délicate. Nous sommes l'un des pays avec le pourcentage le plus élevé de population à risque de pauvreté énergétique en Europe. De nombreuses maisons attribuent une partie disproportionnée de leurs revenus au chauffage, vivent dans des bâtiments inefficaces ou n'ont pas accès à des alternatives de mobilité propre. À cela, il y a une énergie et une précarité de transport supplémentaires dans les zones rurales et périurbaines, où la voiture privée est souvent la seule option pour accéder aux services de base ou à l'emploi.

Dans ce contexte, le Fonds social pour le climat n'est pas une simple aide à financer, mais un outil stratégique pour corriger les inégalités structurelles, renforcer la résilience sociale et accélérer la transition écologique de la base. S'il est bien géré, il peut améliorer la qualité de vie de millions de personnes, réduire la pauvreté énergétique et transporter la pauvreté, renforcer la santé publique et créer un emploi local lié à la réhabilitation, à l'énergie propre ou à des transports durables.

Mais s'il est gravement géré – s'il est retardé, s'il devient un plan bureaucratique, si les personnes concernées ne sont pas entendues – cela peut devenir une opportunité perdue ou, pire, dans une source de frustration sociale. L'expérience des pays où les coûts de la transition ont été perçus comme injustes – il est nécessaire de se souvenir du mouvement des gilets jaunes en France – nous enseigne que le soutien social pour le pacte vert européen dépend, en grande partie, qu'il y a une réelle participation (large, précoce et efficace) et la justice climatique.

Par conséquent, de l'Alliance pour un plan social pour le climat équitable pour les utilisateurs vulnérables et les micro-enterpées de transport et l'Alliance pour la réadaptation du logement sans laisser personne, nous faisons la promotion d'un processus de débat ouvert, transparent et participatif sur la façon dont le plan social Espagne devrait être conçu.

La première grande nomination, le 26 mai, réunira des représentants du gouvernement de trois ministères, porte-parole des groupes parlementaires du Congrès et des représentants de la société civile. Tout cela dans un débat ouvert aux citoyens, car il ne sert à rien de rejoindre des voix d'experts s'ils n'écoutent pas les exigences sociales de la population. Nous avons besoin des premières bases solides pour cette réunion pour un plan social pour le climat qui ne laisse personne.

Nous sommes toujours à l'heure. L'Espagne peut être un exemple de la façon d'utiliser les fonds climatiques non seulement pour atténuer les effets sociaux de la décarbonisation, mais pour convertir la justice climatique en un moteur de transformation. Mais pour cela, nous avons besoin d'ambition, de coordination entre les administrations, la transparence, la surveillance et la réelle participation. Et, surtout, une vision claire: la transition ne sera pas juste si elle n'est pas faite avec les gens, les gens et les gens.

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