EL PAÍS

Une boussole pour le développement en crise avec un look latino-américain

Cette semaine, je participe à Séville, un exemple clé pour repenser le contrat financier mondial et faire face aux défis qui menacent notre avenir commun. Ici, les taxes mondiales, la réforme du système financier international et les nouveaux mécanismes de coopération sont en cours de discussion. Le monde vit aujourd'hui une «polyrisie» qui combine la stagnation économique, le recul démocratique, les inégalités structurelles, la crise climatique et la désaffection sociale croissante. Et l'Amérique latine, loin d'être une exception, est probablement un cas paradigmatique.

Dans ce contexte, les organisations de la société civile (OSC) sont des acteurs centraux: accompagner les communautés les plus vulnérables, innover dans les politiques publiques, promouvoir le dialogue démocratique et soutenir les réseaux de confinement contre l'affaiblissement de l'État. Personnellement, je le connais bien: je suis habité par cet espace depuis près de 20 ans et aujourd'hui, je dois diriger l'un des principaux en Amérique latine, le Centre de mise en œuvre des politiques publiques pour l'équité et la croissance (CIPPEC). Mais il y a un grand défi: la majeure partie de la société civile le fait avec un revers alarmant de la coopération internationale qui n'a pas été fourni (ni non plus) par les États ou par le secteur privé.

Cette tension entre le besoin croissant et la diminution du soutien n'est pas accidentelle. Il exprime une tendance plus large: le modèle de développement actuel de l'après-guerre, qui a articulé la croissance économique avec une coopération multilatérale et des droits sociaux, ne donne plus de réponses suffisantes à la majeure partie de la population. Les réalisations des dernières décennies telles que la réduction de la pauvreté, l'expansion éducative ou les améliorations de la santé sont indéniables. Mais il en va de même pour ses limites: la concentration de la richesse, la déréglementation financière, le manque de mécanismes de liaison sur des questions cruciales telles que le changement climatique et l'évasion fiscale.

Aujourd'hui, plus que jamais, nous avons besoin d'un nouveau paradigme qui met la vie au centre. Un modèle qui récupère le sens de l'objectif collectif, qui priorise le bien-être humain et planétaire. Pour cela, il est essentiel de repenser non seulement la façon dont le développement est financé, mais pour quoi, dans quel but et avec quelles valeurs.

J'ai la chance d'intégrer un puissant réseau de pensée: le. De là, nous soutenons qu'il ne parvient pas à discuter de nouvelles mesures ou d'instruments financiers. Nous devons réévaluer le rôle de la citoyenneté (nationale et mondiale) et le moteur de la légitimité et de l'action.

Cela implique de construire une notion qu'il combine les droits civils (tels que la liberté de mouvement ou l'accès à la justice), les droits politiques (tels que la réelle participation aux institutions multilatérales) et les droits sociaux (tels que la redistribution équitable des ressources et la protection contre les crises).

Mais ces débats ne peuvent pas rester dans le plan abstrait. Nous avons besoin d'un engagement spécifique envers le financement des initiatives locales, avec des cadres réglementaires qui protègent l'espace civique et avec des plateformes d'articulation qui nous permettent d'influencer les décisions mondiales.

Dans la refonte du financement du développement, il est urgent de convoquer le secteur privé avec une co-responsabilité active. Ce n'est pas seulement la philanthropie ou la responsabilité sociale des entreprises, mais de comprendre que les problèmes complexes auxquels nous sommes confrontés n'admet pas les solutions simples ou unilatérales. Ils nécessitent des réponses articulées, intégrales et soutenues au fil du temps.

Le renforcement du financement du développement nécessite également de revoir le multilatéralisme: non pas le jeter, comme certaines voix qui nient toute idée d'un «nous» mondial, mais pour lui fournir une efficacité, une légitimité et une capacité réelle d'action avant que les défis partagés ne proposent.

À Séville, encore et encore, nous écoutons le changement est urgent. Mais le changement ne sera pas seul. Il nécessite des décisions politiques courageuses, de nouveaux pactes fiscaux dans le monde et une compréhension approfondie que, sans acteurs sociaux solides, le développement ne sera pas efficace, inclusif ou durable.

L'Amérique latine, en particulier, a beaucoup à contribuer à ce nouveau paradigme. Notre histoire des luttes pour les droits sociaux, notre capacité d'innovation communautaire et notre résilience avant les crises successives sont actifs précieux. Mais pour ce potentiel à se traduire par des résultats, une volonté politique, des ressources adéquates et un engagement partagé sont nécessaires.

La réimagerie du développement n'est pas un luxe intellectuel. C'est un besoin pratique. C'est le choix, en temps incertain, le chemin difficile sur l'inertie confortable du statu quo. Il s'agit d'affirmer que l'avenir n'est pas improvisé: il est construit, avec une boussole et avec un engagement. Et dans cette construction, les voix de l'Amérique latine (et de leur société civile) doivent être entendues, financées et autonomes.

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