Bruxelles propose des mesures énergétiques moins strictes que les espagnoles

Bruxelles propose des mesures énergétiques moins strictes que les espagnoles

Les nouvelles mesures proposées par Bruxelles pour lutter contre la crise énergétique européenne laissent plus de doutes que de nouvelles en Espagne. En raison de la situation causée par la guerre en Ukraine, qui a déclenché le prix du gaz et avec lui le prix de la production d’électricité, la Commission européenne a défini ces derniers jours une nouvelle taxe pour taxer les bénéfices extraordinaires des entreprises et un mécanisme pour limiter les bénéfices dits exceptionnels. En réalité, le gouvernement espagnol étudie et légifère des réglementations dans le même sens depuis plus d’un an. Une avancée que les sources du secteur de l’énergie attribuent aux particularités du marché espagnol (plus sensible aux fluctuations des montants car moins de contrats sont signés à prix fixe et avec une durée plus courte) et qui laisse désormais la question de la manière dont ils seront combinés avec ce qui est proposé par l’exécutif communautaire. L’Espagne, a déclaré ce mercredi la ministre des Finances, María Jesús Montero, adaptera sa réglementation espagnole à ce qui est convenu en Europe.

Ce mardi, lors de son discours sur l’état de l’Union, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a insisté sur les grandes lignes du plan : économies d’électricité et mesures pour que les énergéticiens ne tirent pas profit d’une situation qui est très préjudiciable aux consommateurs. Pour ces derniers, deux mesures fondamentales sont proposées. Le premier est une nouvelle taxe de 33% sur les bénéfices extraordinaires des sociétés pétrolières, gazières, charbonnières et de raffinage.

Ce qu’on a appelé par euphémisme « contribution de solidarité » considérera comme un avantage extraordinaire celui qui dépasse de 20 % le salaire moyen des trois dernières années. Et comme l’explique la Commission européenne, chaque État membre sera responsable de sa collecte. Le gouvernement espagnol a cependant déjà proposé une autre formule pour taxer ce qui est considéré comme un bénéfice excessif pour les entreprises en raison de la situation actuelle des prix. Dans ce cas, il ne s’agit pas d’un impôt, mais plutôt du chiffre de l’avantage patrimonial non fiscal qui a été utilisé, et il sera imputé sur le revenu (de sorte que les entreprises paient 1,2 % de leur chiffre d’affaires total) au lieu d’environ des avantages.

Dans les deux cas, il s’agit d’une surtaxe temporaire, mais il existe une autre différence notable. La Commission européenne le propose actuellement comme taxe uniquement pour cette année. C’est-à-dire qu’il sera payé en 2023 sur les bénéfices de 2022. L’intention en Espagne, cependant, est qu’il soit semestriel, payant en 2023 et 2024 à partir des chiffres d’affaires des entreprises du secteur en 2022 et 2023. Maintenant, nous devra attendre la définition de la norme européenne, soulignent les sources précitées, pour voir si le gouvernement doit changer d’approche. Bien qu’il puisse tenter de se justifier devant Bruxelles que l’objectif de collecte sur les bénéfices extraordinaires soit également atteint, les propos de Montero ce mercredi vont dans le sens d’un changement par rapport à ce qui a été approuvé en juillet dernier.

un plafond plus élevé

La seconde des mesures imaginées par la Commission européenne est le plafonnement temporaire des revenus des producteurs inframarginaux. Il s’agit de bénéfices exceptionnels, car ils affectent les producteurs d’électricité qui utilisent des sources moins chères que le gaz mais qui bénéficient de la rétribution des prix élevés de cette matière première ou d’autres (comme certains types de charbon). Ce que la Commission a marqué, c’est que ces entreprises ne peuvent pas obtenir plus de 180 euros par mégawattheure (MWh), de sorte que temporairement (jusqu’au 31 mars prochain) elles devraient restituer ce qu’elles obtiennent au-delà de ce montant.

Mais l’Espagne a également avancé auparavant dans la même idée. Le gouvernement l’a essayé il y a un an, même si plus tard sa proposition a été décaféinée car elle ne pouvait pas être appliquée rétroactivement dans les contrats déjà en vigueur, puis il a creusé cette voie en proposant un plafond inférieur (67 euros par MWh) à celui européen. Cela et l’exception dite ibérique, qui permet à l’Espagne et au Portugal de réduire l’influence du prix du gaz sur la production d’électricité, limitent l’efficacité réelle de la mesure européenne sur le marché espagnol, selon des sources industrielles. Mais là encore il y a des inconnues comme si Bruxelles introduirait une certaine rétroactivité (qu’elle empêchait jusqu’à présent) ou si elle accepterait des limites inférieures à celle qu’elle propose.

Dans l’ensemble, la Commission européenne a déclaré qu’avec les deux mesures, elle s’attend à une collecte de quelque 140 000 millions. Si les règles espagnoles respectent le quota que le pays devrait contribuer à ce chiffre global, Bruxelles pourrait se contenter que les choses restent telles qu’elles sont, souligne un expert. En fait, il la considère comme « probable » en raison de la rapidité avec laquelle les autorités doivent agir dans le contexte actuel pour obtenir des économies immédiates. Mais il faudra attendre au moins la fin du mois, lorsque les vingt-sept ministres de l’énergie se réuniront pour approuver la proposition bruxelloise, pour en savoir les petits caractères. Une situation qui ajoute de l’incertitude à l’enchevêtrement réglementaire que le secteur a subi ces derniers temps.

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