Comment se déroule le démantèlement d’une éolienne ?
La durée de vie moyenne d’un parc éolien est d’environ 20 ans. Une fois arrivé en fin de vie, comment se déroule le démantèlement d’un parc éolien ? Qui assume la responsabilité économique du démontage ? Quel est le cadre réglementaire en France ?
Un cadre réglementaire précis pour le démantèlement d’un parc éolien
L’arrêté du 22 juin 2020 « relatif à la modification des prescriptions concernant les installations de production d’électricité utilisant l’énergie mécanique du vent », en plus de ses dispositions sur les installations éoliennes elles-mêmes, statue sur la protection de l’environnement, les distances de séparation et les règles de démantèlement et de gestion des déchets d’un parc éolien en fin de vie.
Le démantèlement concerne non seulement les éoliennes, mais aussi les postes de livraison, les câbles du réseau électrique. Ses règles sont strictes. Ainsi, il exige l’excavation totale des fondations « jusqu’à la base de leur semelle » et précise que les aires de grutage et les chemins d’accès devront être remis en état. De plus, à partir du 1er janvier 2024, tout nouveau parc autorisé devra, en fin de vie, respecter 95% de revalorisation de sa masse totale, fondations incluses.
En outre, cet arrêté demande aux exploitants de provisionner une garantie financière pour le démantèlement de chaque éolienne et ce, dès la mise en service du parc. Selon les règles de calcul actuelles, ce montant est de 50 000 €/ par éolienne de 2 MW et 25 000€ par MW supplémentaire (couvre les coûts compris entre 50K€ et 80K€ en fonction des spécificités : le montant des garanties financières est réactualisé chaque année par l’exploitant). Aujourd’hui, 90 % minimum d’une éolienne est recyclable ou valorisable en fin de vie, ce qui permet à l’exploitant un retour sur investissement pour les matériaux utilisés. À compter dans l’opération la revente sur le marché d’occasion d’un certain nombre de composants ou de parties de l’éolienne démantelée, ce qui permet également de financer le démantèlement.
Concrètement, comment ça se passe ?
La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) comporte une clause qui spécifie que le recyclage des principaux composants des éoliennes sera rendu obligatoire d’ici 2023.
L’émergence d’une filière française axée sur le démantèlement : avec notamment une association, AD3R, ou la société Mywindparts qui travaillent à la déconstruction des parcs éoliens, le reconditionnement des gros composants, le recyclage des pales et la revente des métaux et matériaux recyclés et des composants. Certaines éoliennes, reconditionnées, vivent une seconde vie, notamment vers les pays de l’Est de l’Europe. À terme, ce sont plusieurs centaines d’emplois qui seront créés.
En résumé, on enlève tout, on recycle les matériaux et on remet le site dans sa configuration originelle.
L’exemple du démantèlement du parc éolien du Cers (Aude), avec repowering (démantèlement et construction d’un nouveau parc, avec de nouvelles éoliennes, moins nombreuses, plus puissantes et plus performantes) illustre cette démarche. Pour le maire du village d’accueil, Escales : « c’est une totale réussite. L’ancien site a été entièrement nettoyé et est impeccable de propreté. La société est même allée au-delà des recommandations règlementaires en retirant les anciens câbles dans le sol et toutes les parties sont recyclées pour l’industrie ».
Les parties métalliques, mat et rotor notamment se recyclent déjà dans les filières existantes. Le béton armé des fondations peut aussi être facilement valorisé : trié, concassé et déferraillé, il est réutilisé sous la forme de granulats dans le secteur de la construction.
Le recyclage optimal des pales, qui sont habituellement broyées et valorisées comme combustible dans les cimenteries, en remplacement des carburants fossiles traditionnels et non enfouies comme aux États-Unis, devient également possible.
La recherche sur le sujet des pales d’éoliennes permet aujourd’hui des solutions de recyclage. Par exemple, on peut utiliser le broyât de pales pour fabriquer de nouveaux matériaux composites. Par exemple, le projet Ecopolycrete obtient à partir du broyage des pales un matériau aussi résistant que les composites à base de bois qui permet de nombreux usages comme des dalles de sol, des glissières de sécurité le long des axes routiers ou des meubles. D’ici 2024, les pales devront être à 100 % recyclables.