L'Afrique cherche des partenaires pour atténuer les conséquences dévastatrices du changement climatique

L’Afrique cherche des partenaires pour atténuer les conséquences dévastatrices du changement climatique

L’Afrique est déçue que, malgré les promesses faites ces dernières années, elle ne reçoive pas suffisamment de financement du Nord pour atténuer les conséquences du changement climatique qui a été causé principalement par les pays développés. Cependant, loin de s’installer dans la plainte, il cherche de nouveaux partenaires internationaux, tant publics que privés, pour faire face à un phénomène dévastateur. « Le changement climatique alimente les migrations, l’instabilité politique, les conflits. Ce n’est pas une théorie, c’est quelque chose de très visible », assure Mohamed Atani, responsable de la communication du Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP, pour son sigle en anglais).

Pendant deux jours, les 14 et 15 septembre, les ministres africains de l’Environnement ont tenu leur réunion annuelle à Dakar (Sénégal) dans le but, entre autres, d’établir une position unique pour la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27) qui aura lieu cette année à Charm el-Cheikh, en Égypte, en novembre prochain. Là, la déception des pays africains face à la non-exécution des promesses financières faites par les pays développés pour atténuer les impacts du réchauffement climatique et s’y adapter a de nouveau été soulignée. En 2009, le Nord s’était engagé à débourser 86 000 millions d’euros par an. Mais l’Afrique attend toujours.

« Le changement climatique alimente la migration, l’instabilité et les conflits en Afrique »

Mohamed Atani, responsable de la communication au Programme des Nations Unies pour l’environnement

« L’Afrique ne reçoit pas assez de fonds, nous le savons déjà. D’où la nécessité de trouver de nouveaux partenaires et de nouveaux canaux de financement, aussi bien en Afrique qu’au-delà, plus innovants et flexibles », précise Atani. A l’horizon, de la Chine à la Turquie, mais aussi des banques, des fondations, des organisations internationales. Lors de la Conférence ministérielle africaine de l’environnement (CMAE) de Dakar, qui a été précédée de réunions d’experts et de la société civile, l’idée d’intégrer les ministres des Finances du continent dans une plateforme dédiée à trouver davantage de ressources pour relever ce défi.

Cet été, comme cela s’est produit ces dernières années, des pluies torrentielles se sont abattues sur de nombreuses villes africaines. Des centaines de morts dans des pays comme le Niger, la Sierra Leone, le Sénégal, le Tchad, le Soudan et aussi en Afrique du Sud en avril témoignent d’une chose sur laquelle les experts ont mis en garde : le comportement des précipitations est modifié par la hausse mondiale des températures et les pluies sont de plus en plus erratique et extrême. Combiné à des villes mal adaptées, les conséquences sont catastrophiques. Sur la côte atlantique africaine, la montée de la mer dévore des communautés entières et au Sahel, l’avancée du désert provoque la faim et la malnutrition et alimente les mouvements migratoires et les conflits. Les cyclones de l’océan Indien, la famine à Madagascar, l’invasion de criquets pèlerins dans la Corne de l’Afrique… Le réchauffement climatique étend ses tentacules sur tout le continent.

« L’impact est là, on le voit, ce n’est pas une théorie. Canicules, désertification, déforestation, montée de la mer. Mais il n’y a pas que l’environnement, il y a un aspect socio-économique fondamental. Le problème doit être vu dans son ensemble et abordé avec de nouvelles approches. Par exemple, la gestion des déchets est un énorme défi, mais en même temps, c’est une opportunité de créer des emplois. C’est l’esprit que nous voulons promouvoir depuis les Nations Unies », ajoute Atani. L’Afrique n’est responsable que de 3 % des gaz à effet de serre qui causent le changement climatique, mais c’est l’un des continents les plus touchés.

Lors de la CMAE, les 54 ministres africains de l’Environnement ont mis l’accent sur les mécanismes de financement des actions qui combinent les deux approches, l’adaptation au changement climatique et la création d’emplois, en plus d’adapter leurs revendications au séisme économique provoqué par la pandémie de COVID-19. et cela a épuisé le continent. La perte de biodiversité et la pollution ont également focalisé une partie des débats, dans le but de soumettre des propositions à la Conférence des Nations Unies sur la Biodiversité (COP15), qui se tiendra à Montréal (Canada) du 5 au 17 décembre 2022. L’Afrique veut avoir sa propre voix unifiée dans tous les forums internationaux sur le sujet.

« Il y a une énorme sensibilité parce que l’impact est énorme et c’est l’une des principales causes de phénomènes tels que la migration, l’instabilité politique ou les conflits autour des ressources. Le Sahel en est un exemple clair. Les conséquences sont dures, mais l’inaction n’aide pas. Le changement climatique ne fait aucune différence entre riches et pauvres, pays développés ou non, les canicules en sont un exemple, nous sommes tous dans le même bateau. Bien sûr il y a des responsabilités historiques, mais le dialogue et le multilatéralisme sont la seule issue », commente le porte-parole du Programme des Nations unies pour l’environnement en Afrique. « La question n’est pas de savoir qui a créé le problème, mais de trouver des solutions. Sinon, on n’avance pas. »

.

A lire également