EL PAÍS

Les banques aggravent le climat

Ces dernières semaines, les études se sont accumulées sur la détérioration accélérée de l’environnement. Mercator Océan International alerte sur le réchauffement record des océans, notamment de la Méditerranée. Planetary Health Check, de l’Institut de Potsdam, prévient que « le monde a dépassé sept des neuf limites planétaires ». Un modèle qui mesure la stabilité des systèmes qui rendent la vie possible sur Terre.

Face à l’incapacité d’arrêter la combustion des énergies fossiles (principalement le charbon et le pétrole), principales causes du réchauffement climatique, l’attention se porte sur le financement des activités polluantes. Deux organisations non gouvernementales, Reclaime Finance et Finance Watch, fournissent des données clés révélant la responsabilité décisive des banques dans le financement des activités polluantes.

L’ONG Reclaim Finance révèle que « les banques redoublent d’énergie fossile par rapport aux alternatives durables ». Entre 2021 et 2024, les 65 plus grandes banques mondiales ont alloué plus de deux fois plus de financements aux combustibles fossiles qu'à l'approvisionnement en énergie durable. Il précise que « les banques ont alloué 42 cents à la fourniture d’énergie durable pour chaque dollar consacré aux combustibles fossiles ».

L'étude précise que seules 14 banques ont financé davantage l'approvisionnement en énergie durable que les combustibles fossiles. Après deux années de régression, le financement de la fourniture d’énergie durable en 2024 a à peine retrouvé son niveau de 2021. Il est significatif que la meilleure performance en matière de financement de la transition énergétique corresponde à deux entités françaises importantes : la banque publique Banque Postale et une entité coopérative, le Crédit Mutuel.

Le rapport de l'organisation européenne Finance Watch, à laquelle appartient l'association de consommateurs Asufin, met en garde contre le double risque que représentent les prêts à l'industrie des combustibles fossiles d'une valeur de 1,6 billion de dollars sur les bilans des 60 plus grandes banques du monde. Cela signifie d’une part que les banques sont exposées aux dégâts du réchauffement climatique du fait des activités qu’elles financent elles-mêmes et, d’autre part, elles encourent des risques de transition du fait d’éventuelles évolutions réglementaires qui pourraient conduire à une perte de valeur de ces investissements.

Finance Watch propose d’établir un coussin de fonds propres supplémentaire qui protégerait les banques des pertes potentielles sur les investissements dans les combustibles fossiles et freinerait ainsi l’accumulation des risques climatiques.

La situation actuelle montre que le financement des investissements dans les énergies fossiles reste très rentable. Cela met également en évidence la contradiction entre les objectifs à long terme des climatologues et des activistes et les visions à court terme des banques.

En juillet dernier, la Banque centrale européenne a décidé d'intégrer « le facteur climat » dans ses analyses du secteur en raison du risque qu'implique la possible réduction de la valeur de certains actifs en fonction des incertitudes climatiques. J'espère que nous arriverons à temps.

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