Les clés de la comparution de Puigdemont : la rupture avec le PSOE en cinq phrases
L'ancien président de la Generalitat et leader de Junts per Catalunya, Carles Puigdemont, a comparu ce lundi pour expliquer la décision de la direction de son parti de mettre fin à l'accord d'investiture de Pedro Sánchez. L'annonce est intervenue après une séance de travail à Perpignan (France) et malgré sa clarté, elle laisse encore des inconnues sur la manière dont elle pourra se concrétiser. Voici cinq des phrases les plus importantes de l’annonce :
« La direction de Junts a décidé de rompre son soutien au gouvernement et d'exercer son opposition et demande au Conseil national de convoquer les militants lors d'une consultation qui aura lieu entre mercredi et jeudi. »
La décision de rompre a été partagée par tous les membres de la direction, comme on l'a appris lors de la réunion. Ce mandat doit cependant être soumis au militantisme à la demande du principal organe inter-congrès, le Consell National. Celui-ci se réunira de manière extraordinaire ce mardi et le vote aura lieu mercredi entre 10 heures et 18 heures. jeudi. Junts compte quelque 6 300 militants et c'est à eux de tout avaliser.
Le soutien parlementaire au gouvernement de Junts a été limité ces deux dernières années. Il reste donc à voir comment ce pas vers « l’opposition » sera efficace. Par exemple, les partisans de Puigdemont ont déjà voté contre la voie du déficit ou ont bloqué le développement de l'Agence nationale de santé publique (en prétendant qu'elle envahissait les pouvoirs catalans).
Pour l’instant, il a clairement indiqué qu’il était fermé aux négociations budgétaires.
« Il n'y a pas assez de confiance et c'est ce que nous essayions de construire. Il n'y a pas de volonté de la part du PSOE d'exécuter les accords politiques en temps opportun »
Puigdemont a cité le manque de confiance entre les partis et le peu de résultats obtenus comme les raisons fondamentales de la rupture du pacte d'investiture. Le leader de Junts a accusé les socialistes d'agir de manière tactique et a profité de l'occasion pour lancer une fléchette à Esquerra Republicana, un parti dont il veut se démarquer et accuse d'être « engagé » pour la stabilité de l'Espagne.
Le leader de Junts a contourné sur la pointe des pieds les questions fondamentales de l'accord de Bruxelles de trois pages, comme l'amnistie, et a concentré ses critiques sur le non-respect de ce texte, comme la non-publication des soldes fiscaux ou des données sur l'exécution des investissements en Catalogne. Les conformités qu'il soutient, comme la loi du Commonwealth ou le bonus fiscal pour les instructeurs des clubs de sport amateur, ne figurent pas dans cet accord.
«Le PSOE a ignoré sa faiblesse parlementaire et a sous-estimé les avertissements et les signaux que nous avons envoyés au cours de ces 22 mois de travail et de 19 réunions en Suisse»
La décision prise ce lundi, a défendu Puigdemont, ne répond à aucune fièvre automnale. C'est pourquoi il a pris soin, lors de sa comparution, d'expliquer que cela faisait presque un an qu'il envoyait des signaux indiquant qu'il avait besoin que les engagements soient respectés. Par exemple, début 2025, la demande de Pedro Sánchez de se soumettre à une question de confiance a finalement été avortée à la demande du médiateur international Francisco Galindo Vélez, qui est resté silencieux sur ce qui s'est passé ce mardi.
« Depuis l'arrivée du parti socialiste à la Generalitat, nous avons reculé dans les droits linguistiques, passivité absolue face au désastre des Rodalies, passivité face à l'effondrement des services publics »
Même si Junts est la clé de la gouvernabilité au Congrès, son rôle au Parlement est presque hors de propos. La somme des socialistes, d’Esquerra et des roturiers le laisse hors de tout jeu. Cela n'empêche cependant pas Puigdemont d'utiliser la situation madrilène pour attaquer également l'exécutif de Salvador Illa, avec lequel il n'a aucun accord sur la table.
La ligne d'attaque de Junts contre le PSC est que cette année, le gouvernement de la Generalitat s'est consacré à « hispaniser » la Catalogne. Il l'impute, entre autres, au déclin de l'usage social du catalan ou à la succession d'incidents dans les trains. Puigdemont cherche ainsi à relier sa rupture à Madrid avec le discours d'opposition à Illa à Barcelone.
« Le Gouvernement ne pourra pas recourir à la majorité d'investiture, il n'aura pas de Budgets, il n'aura pas la capacité de gouverner. Il peut occuper des sièges, mais il ne pourra pas gouverner. Il peut avoir du pouvoir, mais il ne pourra pas exercer le gouvernement »
La principale annonce, même si elle n'est pas du tout nouvelle, est que les citoyens de Puigdemont s'effacent de tout soutien aux Budgets généraux. L'ancien président de la Generalitat assimile l'absence de cette loi – il y a deux extensions – à une incapacité matérielle de gouverner.
Au-delà de cela, jusqu’à présent, Junts avait assuré que son approche consistait à procéder « parti par parti » à chaque vote au Congrès et on ne sait pas quelle différence il y aura désormais.
