Bruxelles avalise un soutien financier à l'extension du nucléaire dans sa réforme du marché de l'électricité

Bruxelles avalise un soutien financier à l’extension du nucléaire dans sa réforme du marché de l’électricité

Dans sa proposition de réforme du marché de l’électricité, Bruxelles avalise le soutien financier des États membres pour prolonger la durée de vie des centrales nucléaires. Dans son nouveau schéma pour contenir la surenchère, présenté ce mardi, la Commission européenne prévoit que les appels – dans lesquels un « prix d’exercice » fixe est convenu quel que soit le marché à court terme, pour stabiliser les prix, éviter les fluctuations et les profits déséquilibrés— sont mis en place pour les nouveaux investissements renouvelables qui bénéficient d’un soutien public —de projets éoliens, solaires ou hydroélectriques—, mais qui s’étendent également au nucléaire. Et pas seulement aux nouvelles installations, mais aussi à celles qui existent déjà et qui veulent être remotorisées, ce qui renforcera le système.

La guerre de la Russie en Ukraine et l’utilisation du gaz comme arme par Vladimir Poutine ont incité la Commission européenne à esquisser une réforme du marché de l’électricité visant à s’éloigner des combustibles fossiles. Dans sa refonte des règles du marché de l’électricité pour protéger les consommateurs des flambées de prix et des factures qui montent en flèche que de nombreux ménages subissent depuis des mois, Bruxelles cherchera à accroître le recours aux contrats d’électricité à prix fixe et à accélérer la transition vers les énergies renouvelables, selon la réforme , qu’Jiec a annoncé la semaine dernière.

Au sein de ces schémas, le nouveau règlement —qui vise à retirer au plus vite le gaz du mix énergétique de l’Europe—, opte pour les approches les plus conservatrices de membres comme les Pays-Bas ou l’Allemagne et ne modifie pas le système marginaliste, qui implique que le prix est fixé par la dernière technologie utilisée pour produire de l’électricité ; et s’éloigne de la réforme structurelle proposée par l’Espagne. Il comprend également des propositions adaptées à la France en matière d’énergie nucléaire. L’aval de Bruxelles que les centrales existantes puissent bénéficier de ces soi-disant contrats pour différences risque de semer le doute en Espagne quant à l’extension du nucléaire, qui sans aides n’a pas la viabilité économique d’une extension.

Après de longs mois de travail, la proposition de la Commission —que les Vingt-sept et le Parlement européen doivent encore approuver— semble cependant bien moins ambitieuse que ce qui avait été initialement proposé par la présidente de l’exécutif communautaire, Ursula von der Leyen, lorsque les prix de l’énergie ont explosé. Les prix sont maintenant plus bas et la pression est moindre. Bien que des sources diplomatiques avertissent que la nouvelle réforme n’empêcherait pas une crise des prix similaire à celle de 2022 de se répéter.

La réforme, estime l’eurodéputé socialiste Nicolás González Casares, membre de la commission parlementaire de l’industrie, de la recherche et de l’énergie, ne va pas dans la mauvaise direction, mais souligne également son manque d’ambition. « Nous avons de bons sentiments sur les contrats à long terme et les contrats sur différence, qui devraient permettre aux énergies renouvelables de donner aux consommateurs des signaux de prix abordables », déclare Casares, qui voit également « trop ​​​​de concessions » aux entreprises nucléaires.

La nouvelle réglementation, avec des points un peu lourds que le commissaire à l’énergie, Kadri Simson, a tenté d’expliquer, comprend des incitations pour les contrats qui fixent les prix de l’énergie sur le long terme pour éviter la volatilité et ainsi protéger les consommateurs. « La crise énergétique provoquée par l’attaque de la Russie contre l’Ukraine a révélé un certain nombre de lacunes dans le système actuel », a déclaré Simson, qui a reconnu que les fondamentaux du marché ne sont pas touchés par la réforme. « Le cadre actuel a été trop axé sur les marchés à court terme. »

Avec les ossatures de la crise des prix et l’impact sur la poche des ménages et de l’industrie, Bruxelles propose que les consommateurs aient le droit de demander des contrats à prix fixe aux grands fournisseurs d’électricité et préconise la combinaison de deux types de contrats : variable, qui prendrait profiter des heures les moins chères pour recharger les appareils, par exemple, et celles à forfait, pour une consommation quotidienne. Les États membres devront également mettre en place des mesures pour empêcher les fournisseurs de couper l’approvisionnement des consommateurs vulnérables qui ne peuvent pas payer.

De plus, pour que les consommateurs ne soient pas concernés par les problèmes de fournisseur, les États devront désigner un « fournisseur de dernier recours » afin que ces personnes aient un secours en cas de défaillance de leur fournisseur d’énergie.

« Satisfaction » au gouvernement espagnol

Quelques heures après sa publication, des sources gouvernementales espagnoles ont déclaré qu’elles « accueillaient avec satisfaction » le projet de la Commission européenne. « Ce qu’on nous disait il y a un an était impossible, se reflète aujourd’hui dans une proposition législative qui s’inspire et inclut une grande partie des solutions proposées par l’Espagne pour améliorer la conception du marché de l’électricité », affirment-ils. Concrètement, le ministère de la Transition écologique et du Défi démographique estime que l’exécutif communautaire a « fait sienne » la proposition espagnole de renforcement des contrats de longue durée et de capacité. Et il reconnaît « l’esprit constructif » de Bruxelles « quand il s’agit de préserver l’intérêt du découplage du gaz et du charbon du marché marginaliste sans pour autant l’éliminer », rapporte Ignace Fariza.

Le gouvernement de Pedro Sánchez place de grands espoirs dans la présidence tournante de l’UE, une période dans laquelle, dit-il, l’Espagne « jouera un rôle décisif pour enrichir le texte de la Commission et générer un consensus entre les Vingt-sept ». « Une nouvelle étape s’ouvre qui doit aboutir à l’adoption de la réforme du marché avant la fin de la législature européenne », précisent ces sources.

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