De Grenade à Strasbourg : raviver la promesse du Green Deal européen
Les 5 et 6 octobre, les dirigeants de l’UE se réuniront à Grenade pour jeter les bases d’une action face aux défis des années à venir, qui seront cruciaux pour l’Europe. Ce sommet est une occasion clé de faire avancer le Green Deal européen avant la fin du mandat de l’actuel Parlement européen et de faire face aux crises climatiques et environnementales, en protégeant la santé des personnes et de la nature en mettant l’accent sur la justice.
Le sommet de Grenade intervient après des mois d’événements météorologiques extrêmes à travers l’Europe, de campagnes politiques et de violentes réactions négatives contre la législation environnementale européenne, qui tentent de détourner l’UE de la réalisation de ses objectifs en matière de climat et de biodiversité. Le président par intérim, Pedro Sánchez, devra relancer le débat à Grenade autour des solutions pour mieux protéger les personnes, la nature et les entreprises. Les communautés rurales, les agriculteurs, les pêcheurs et le secteur du tourisme supportent déjà le coût du changement climatique et de la perte de biodiversité ; les entreprises et les investisseurs sont confrontés à des risques croissants ; et les citoyens constatent à quel point l’opposition à court terme aux politiques tournées vers l’avenir compromet les perspectives des générations actuelles et futures.
Étant donné que l’Espagne assure la présidence tournante du Conseil de l’UE ce semestre, le président Sánchez a le devoir d’user de son influence pour conclure d’importantes réponses législatives à ces crises. Il y a actuellement quatre lois européennes en préparation qui bénéficieraient du leadership environnemental que Sánchez a déjà exprimé à d’autres occasions, et qui mettent en évidence l’interconnexion entre la nature et la justice sociale :
Une loi forte sur la restauration de la nature pour rendre la nature en Europe. Il 80 % des habitats protégés européens sont en mauvais état de conservation. La restauration des forêts, des écosystèmes marins, des zones humides et des rivières est essentielle pour faire face à la crise climatique et de la biodiversité. Cela réduira les effets des catastrophes naturelles et garantira la sécurité alimentaire à long terme ainsi que la résilience de nos économies. L’UE doit établir une législation comportant des objectifs forts et juridiquement contraignants pour restaurer les écosystèmes dégradés, consacrer un financement adéquat et mettre en place des mécanismes efficaces pour faire appliquer et respecter le droit de l’UE.
Protéger les citoyens européens de la pollution atmosphérique et industrielle. La pollution de l’air constitue le plus grand risque environnemental pour la santé : 96 % des citoyens européens vivent en ville sont toujours exposés à des niveaux dangereux de pollution atmosphérique. Les députés européens du Parlement européen ont voté en septembre pour aligner les réglementations de l’UE sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, soutenir d’importants droits environnementaux et définir des règles strictes pour leur application et leur respect. Le Conseil de l’UE doit suivre cet exemple et avancer de toute urgence dans la réforme de la directive sur la qualité de l’air, le principal règlement de l’UE sur la qualité de l’air, avant les élections de l’année prochaine.
Fixer des limites d’émission strictes pour les grandes installations industrielles. On estime que la pollution de l’air provenant à elle seule de l’industrie a causé des dommages à la santé et à l’environnement d’une valeur comprise entre 277 000 et 433 000 millions d’euros en 2017. La directive sur les émissions industrielles, qui réglemente ces émissions, ne dispose pas de mécanismes de responsabilisation suffisants. La révision de cette norme est une opportunité unique d’établir un cadre pour la transformation de l’industrie vers une économie propre et neutre pour le climat. Ce nouveau cadre, et le droit à indemnisation qu’il inclurait, aiderait les victimes de dommages sanitaires causés par une pollution industrielle dépassant les limites légales.
Inciter les entreprises à prendre en compte l’impact environnemental de leurs processus de production et de commercialisation. Des améliorations significatives sont nécessaires pour que la directive sur le devoir de diligence en matière de développement durable des entreprises contribue à la réalisation du pacte vert pour l’Europe. La future loi devrait énumérer des catégories spécifiques d’impact environnemental que les entreprises doivent prendre en compte lors de la mise en œuvre de processus de diligence raisonnable, notamment la perte de biodiversité et le changement climatique.
Depuis ClientTerre Nous appelons le président par intérim et la présidence espagnole du Conseil de l’UE à proposer une proposition plus ambitieuse sur le plan écologique et à contribuer ainsi à la protection des personnes dans toute l’Europe. Il s’agit de la dernière chance pour une présidence tournante de terminer le travail et de tenir les promesses du Green Deal européen avant que les progrès ne soient suspendus par les prochaines élections au Parlement européen en juin. C’est une question de justice.