Des centaines d'éléphants, de zèbres, de buffles et de gnous meurent au Kenya à cause de la sécheresse

Des centaines d’éléphants, de zèbres, de buffles et de gnous meurent au Kenya à cause de la sécheresse

Plus d’un millier d’éléphants, de zèbres, de gnous, de buffles et d’autres animaux sont morts au cours des neuf derniers mois au Kenya à la suite de la pire sécheresse que ce pays et la Corne de l’Afrique aient connue au cours des 40 dernières années. C’est ce qu’a révélé le ministère kenyan du Tourisme et de la Faune dans un rapport publié vendredi, qui souligne non seulement la rareté des points d’eau, mais aussi la perte de végétation, qui touche particulièrement les herbivores. Le gouvernement essaie de lutter contre le problème en creusant des puits et en transportant l’eau vers des barrages et des réservoirs à sec.

« Les gardes forestiers du Kenya Wildlife Service, les explorateurs communautaires et les équipes de recherche ont enregistré la mort de 205 éléphants, 512 gnous, 381 zèbres communs, 51 buffles, 49 zèbres de Grevy et 12 girafes au cours des neuf derniers mois », indique le rapport. Il ajoute que les écosystèmes les plus touchés sont précisément les parcs nationaux, les réserves et les zones de conservation les plus visités par les touristes, comme Amboseli, Tsavo et Laikipia-Samburu. La ministre kenyane du Tourisme, de la Faune et du Patrimoine, Peninah Malonza, a déclaré qu’en plus d’essayer d’apporter de l’eau dans la région, « une surveillance renforcée de la faune en dehors des zones protégées est en cours pour réduire les conflits entre les humains et la faune ».

La situation des éléphants est particulièrement grave et les pertes se font sentir surtout chez les plus jeunes. Le rapport indique qu’à Amboseli, où quelque 1 900 exemplaires sont enregistrés, 76 sont morts, dont 45 immatures qui sont morts de malnutrition parce que leurs mères, incapables de se nourrir pendant la reproduction, ne pouvaient pas produire suffisamment de lait. Une mention spéciale mérite le cas des zèbres de Grévy, une espèce menacée dont il reste environ 3 000 animaux au Kenya et dont 49 sont morts à cause de la sécheresse. Selon l’organisation Grevy’s Zebra Trust, quelque 600 spécimens se sont concentrés dans les réserves de Samburu, Buffalo Springs et Shaba, dans le nord du pays, à la recherche des derniers pâturages de la région. Beaucoup d’entre elles sont des mères avec leurs petits nés en 2019 et 2020, pour qui il est vital de trouver de la nourriture et de l’eau.

Le rapport lui-même reconnaît que la situation pourrait être encore plus catastrophique et le nombre d’animaux morts pire, puisque les rangers et les équipes de recherche ne peuvent pas couvrir tout le territoire à la recherche de carcasses et que de nombreux corps peuvent avoir été mangés par d’autres animaux. La sécheresse qui est à l’origine de la forte mortalité des spécimens est la plus grave depuis quatre décennies après quatre saisons des pluies ratées, en particulier au cours des deux dernières années, au cours desquelles les précipitations ont été faibles ou irrégulières. Elle touche principalement quatre pays de la Corne de l’Afrique : le Kenya, la Somalie, l’Éthiopie et Djibouti.

La mort d’animaux sauvages n’est qu’une des conséquences de la sécheresse, comme le signale le Grevy’s Zebra Trust lui-même. « Cette situation est dévastatrice pour les communautés d’éleveurs avec lesquelles nous travaillons, dont plus de 90 % de notre équipe est issue. Pour ceux qui ne sont pas éleveurs, il est impossible de comprendre à quel point les racines de l’identité culturelle sont profondes lorsqu’il s’agit de posséder du bétail. Ce n’est pas simplement une forme d’économie ; c’est un attachement qui va beaucoup plus loin, il touche l’identité spirituelle et culturelle d’individus et de communautés entières », indique l’organisme sur son site Internet.

« Deux années consécutives sans pluie ont apporté la misère à des millions de personnes. 2,5 millions de têtes de bétail sont mortes au Kenya cette seule année, causant des pertes économiques de plus de 1 500 millions de dollars », a souligné cette semaine lors de la COP27 à Sharm el Sheikh le président du Kenya, William Ruto, qui est également coordinateur du Comité de Chefs d’État et de gouvernement africains sur le changement climatique (Cahoscc). « Pertes et dommages [causados por la crisis del clima] ils ne sont pas un sujet abstrait de dialogue sans fin : c’est notre expérience quotidienne et le cauchemar vivant de millions de Kenyans et de centaines de millions d’Africains », a-t-il ajouté.

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L’Organisation des Nations unies pour les réfugiés (HCR) assure que quelque 18 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, au bord de la famine, au Kenya, en Somalie et en Éthiopie en raison de la sécheresse. A la rareté de l’eau s’ajoute la hausse des prix des denrées alimentaires et des engrais due d’abord au covid-19 puis à la guerre en Ukraine, et dans le cas de la Somalie et de l’Ethiopie, aux conflits qu’elles subissent.

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