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La couche d’ozone est en voie de se reconstituer grâce à l’interdiction des produits chimiques, qui contribue à atténuer le réchauffement climatique

En violet, le trou dans la couche d’ozone d’après une image de la NASA d’octobre.Pennsylvanie

Il y a trente-cinq ans, le Protocole de Montréal imposait l’élimination de 96 produits chimiques – utilisés principalement dans les aérosols et la réfrigération – qui causaient un trou dans la couche d’ozone, la zone de la stratosphère qui protège la Terre des rayons ultraviolets. Chaque année, il est vérifié que les résultats de cet accord international sont plus positifs : selon une nouvelle analyse d’un groupe d’experts soutenu par les Nations Unies rendu public ce lundi, la couche d’ozone est en passe de se reconstituer complètement en 40 ans. De plus, l’élimination progressive de ces produits chimiques à l’échelle mondiale contribue déjà à l’atténuation du changement climatique : elle peut aider à empêcher la planète de se réchauffer de 0,5 degré de plus d’ici la fin de ce siècle.

le dernier rapport du Groupe d’évaluation scientifique du Protocole de Montréal sur ces produits nocifs confirme que l’élimination progressive de 99 % des substances interdites appauvrissant la couche d’ozone a réussi à protéger la couche d’ozone, contribuant à sa reconstitution remarquable dans la haute stratosphère et qui diminue l’exposition des personnes aux ultraviolets nocifs rayonnement du soleil.

La couche d’ozone est essentielle à la vie, empêchant les dangereux rayons ultraviolets d’atteindre la surface de la Terre. L’ozone est créé dans la haute atmosphère par l’interaction entre les molécules d’oxygène et le rayonnement ultraviolet du Soleil. Dans la basse atmosphère, il est formé par des réactions chimiques entre des polluants, tels que les gaz d’échappement des véhicules, et d’autres émissions.

Dans les années 1980, un énorme trou dans la couche d’ozone a été découvert haut dans l’atmosphère au-dessus du pôle Sud, causé par des dommages causés par les chlorofluorocarbures (CFC), des gaz utilisés pour les réfrigérateurs et les mousses isolantes. Cette découverte a conduit au Protocole de Montréal, un accord international visant à arrêter la production de CFC.

Dans le document – présenté ce lundi lors de la 103e réunion annuelle de la Société météorologique des États-Unis – il est expliqué que, si les politiques actuelles sont maintenues, la couche d’ozone devrait retrouver les valeurs de 1980 autour de l’année 2040 tout au long monde, même s’il faudra attendre 2045 pour qu’il se rétablisse complètement dans l’Arctique, et jusqu’en 2066 pour qu’il le fasse en Antarctique, le point où cette zone de la stratosphère est la plus mauvaise. Les variations de la taille du trou dans la couche d’ozone de l’Antarctique, notamment entre 2019 et 2021, étaient principalement dues aux conditions météorologiques. Cependant, la surface et la profondeur ont diminué depuis l’an 2000.

Différence entre la couche d'ozone en 1979 et 2009 dans une image de la NASA de l'année dernière.
Différence entre la couche d’ozone en 1979 et 2009 dans une image de la NASA de l’année dernière. DOCUMENT (AFP)

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« Selon le dernier rapport quadriennal, la couche d’ozone se rétablit, ce qui est une excellente nouvelle. On ne soulignera jamais assez la mesure dans laquelle le Protocole de Montréal a contribué à l’atténuation des changements climatiques. Au cours des 35 dernières années, le Protocole est devenu un véritable défenseur de l’environnement », a expliqué Meg Seki, secrétaire exécutive du Secrétariat de l’ozone du Programme des Nations unies pour l’environnement, dans un communiqué lundi (pneuma).

Le dixième rapport du Groupe d’évaluation scientifique confirme l’impact positif que le traité a déjà eu sur le climat. L’Amendement de Kigali au Protocole de Montréal, un accord supplémentaire conclu en 2016, exige l’arrêt progressif de la production et de l’utilisation de certains hydrofluorocarbures (HFC).

Les HFC n’appauvrissent pas directement la couche d’ozone, mais ce sont de puissants gaz à effet de serre. Selon le groupe d’évaluation scientifique, cet amendement devrait contribuer à éviter un réchauffement climatique de 0,3 à 0,5 degrés d’ici 2100 (la contribution des émissions de HFC-23 n’est pas incluse).

« Un précédent pour l’action climatique »

« Les mesures prises concernant l’ozone créent un précédent pour l’action climatique. Le succès de l’élimination progressive des produits chimiques appauvrissant la couche d’ozone nous montre ce qui peut et doit être fait – de toute urgence – pour s’éloigner des combustibles fossiles, réduire les émissions de gaz à effet de serre et, par conséquent, l’augmentation des températures », a déclaré le Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), Petteri Taalas.

La dernière évaluation de la couche d’ozone est basée sur des études approfondies, des recherches et des données compilées par un grand groupe international d’experts, dont beaucoup proviennent de l’OMM, du PNUE, du Bureau national de l’administration océanique et atmosphérique (NOAA), de l’Agence nationale de l’administration pour l’aéronautique et l’espace (NASA) et la Commission européenne.

Pour la première fois, le groupe d’évaluation scientifique a examiné les effets potentiels sur l’ozone de l’injection d’aérosols stratosphériques (SAI). Le SAI a été proposé comme une méthode possible pour réduire le réchauffement climatique en augmentant la réflexion de la lumière solaire. Cependant, le groupe met en garde contre des conséquences imprévues, qui « pourraient également affecter les températures, la circulation et les taux de production et de destruction de l’ozone dans la stratosphère, ainsi que le transport ».

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