EL PAÍS

La transition écologique dans le monde rural : stress test pour la démocratie

María Guardiola, candidate PP en Estrémadure, présente son accord pour le gouvernement de coalition en Estrémadure avec le leader régional de l’extrême droite de Vox, Ángel Pelayo.Jéro Morales (EFE)

L’ultra-droite est très efficace pour détecter les lacunes du moment afin de s’y faufiler. Ainsi, dans les négociations pour former les gouvernements des communautés autonomes, Vox a ses priorités claires et, à l’instar de ce que font ses partis frères dans d’autres pays voisins, il a déjà placé l’un de ses objectifs dans le monde rural.

Conscient du sentiment d’abandon qui opère dans ces territoires et du sentiment d’incertitude, voire de peur, suscité par les politiques environnementales et la transition écologique, Vox se propose comme le défenseur des essences, des coutumes et du maintien des modes de vie traditionnels.

L’économie rurale est sans aucun doute particulièrement touchée par la crise climatique. Analyser les effets en accumulant des preuves scientifiques et en mettant en place des politiques ambitieuses est le meilleur moyen de protéger votre économie et votre mode de vie. C’est clairement vérifié dans la Mar Menor : quoi de mieux pour développer la zone que de protéger la lagune ? Cependant, des politiques économiques développementalistes dépassées et un aveuglement incompréhensible ont fini par ruiner un territoire appelé à la prospérité. Un chemin similaire mène à Doñana et à de nombreux autres espaces.

D’un autre côté, l’extrême droite espagnole nie la preuve des effets que les sécheresses, de plus en plus récurrentes et extrêmes en raison de la crise climatique, ont sur l’agriculture et l’élevage, tout comme elles évitent les problèmes que l’augmentation de la température de l’eau pèse lourdement sur la pêche et la pêche aux crustacés.

Dans ce contexte de changements, d’incertitudes et de peurs générés par la crise climatique et la transition écologique, le monde rural se sent particulièrement vulnérable. Selon le Préparé par Red to Red avec le soutien de la Fondation Cepsa, la perception que la population espagnole a de la transition écologique varie considérablement selon la taille de la commune, dans ce qui est déjà pressenti comme une fracture territoriale. Ainsi, alors que la population résidant dans les communes de plus d’un million d’habitants est la plus optimiste de cette transition, les habitants des communes rurales se disent impuissants, dégoûtés et indignés. Ce sont aussi ceux qui se sentent les plus délaissés et les moins écoutés. L’extrême droite chevauche ces sentiments dans toute l’Europe.

La manière dont la transition est affrontée est fondamentale. Comme des études empiriques récentes telles que celle élaborée par Bolet, Green et Gonzalez-Eguino (2023) sur les municipalités des bassins miniers des Asturies, de León et d’Aragon, dans des zones où la transition écologique a entraîné la fermeture d’entreprises et le démantèlement de secteurs économiques comme l’exploitation minière, les gens vivent radicalement différemment selon qu’il y a eu ou non des processus de juste transition. Là où cela a été le cas, le processus, qui pourrait être perçu comme préjudiciable à ses promoteurs, s’est traduit par un soutien aux stratégies de transition, et s’est également traduit par un soutien électoral aux partis promoteurs, en l’occurrence au PSOE en tant que promoteur des démarches de l’Institut pour la Transition Juste intégré au Ministère de la Transition Ecologique et du Défi Démographique.

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La transition écologique est non seulement indispensable mais demande aussi plus de rapidité et d’ambition. D’où l’importance d’articuler les mécanismes de participation et de transition juste afin que les changements profonds qu’elle implique puissent être menés à bien sans éroder ni mettre fin à la démocratie.

Christine Monge Elle est politologue et spécialiste du changement climatique.

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