EL PAÍS

L’AIE estime que la demande mondiale de combustibles fossiles atteindra son maximum avant 2030

Des dizaines de voitures sur la M-30 à Madrid, en mai dernier.Annais Pascual (EFE)

La consommation mondiale de combustibles fossiles, élément clé du réchauffement climatique, laissera derrière elle les augmentations ininterrompues depuis des temps immémoriaux pour commencer à diminuer avant 2030. C’est du moins ce qu’estime l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui entrevoit un maximum dans l’utilisation de sources d’énergie sales, « même sans nouvelles mesures » contre l’urgence climatique. Dans le scénario de zéro émission nette en 2050, celui requis pour éviter les scénarios les plus catastrophiques, la diminution devrait être de l’ordre de 25 % au cours de cette décennie ; quelque chose qui n’est réalisable qu’avec une électrification massive des transports et un développement rapide de l’hydrogène vert et des carburants qui en dérivent.

Parallèlement à cette baisse de consommation, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) diminueront, ce qui, après avoir atteint un nouveau maximum de 37 milliards de tonnes en 2022, soit 1 % de plus qu’avant la pandémie, entamera également la trajectoire descendante tant attendue. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons éviter l’horizon le plus traumatisant du changement climatique. « Les gouvernements doivent séparer le climat de la géopolitique, étant donné l’ampleur du défi », a exhorté le chef de l’entité, Fatih Birol.

La complaisance doit cependant disparaître du dictionnaire si l’on veut atteindre l’objectif déjà compliqué de limiter l’augmentation de la température à 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels. « Le chemin pour limiter le réchauffement à ce chiffre s’est rétréci, mais la croissance des énergies propres le maintient sur la bonne voie », lit-on dans la feuille de route annuelle emblématique de l’AIE pour le secteur de l’énergie, publiée ce lundi. « Le secteur de l’énergie évolue plus rapidement que ce que beaucoup pensent, mais il reste encore beaucoup à faire. Et le temps presse. Les investissements dans les énergies propres devront passer de 1 800 milliards de dollars en 2023 à environ 4 500 milliards par an en 2030. Une dépense substantielle qui, cependant, « s’amortit grâce à la baisse des dépenses en carburant ».

L’organisation dépendante de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime possible que la somme du pétrole, du gaz et du charbon passe de quatre cinquièmes de l’énergie consommée dans le monde aujourd’hui à moins des deux tiers en 2030 et à moins de un cinquième en 2050. Au sein du segment fossile, l’Agence désigne le charbon – de loin le plus polluant – comme le combustible qui diminuera le plus d’ici 2030, suivi du pétrole. Le gaz naturel, en revanche, sera à la traîne pour trois raisons : son utilisation accrue dans l’industrie, son utilisation comme support du système électrique lorsque les énergies renouvelables et le nucléaire ne suffisent pas à couvrir toute la demande, et son utilisation pour produire de l’hydrogène en combinaison. avec des systèmes de captage du carbone.

Trois fois plus d’énergies renouvelables et d’électrification

Derrière cette baisse notable de la consommation d’énergies fossiles se cache avant tout l’augmentation de la capacité renouvelable installée, qui va tripler d’ici 2030, pour dépasser les 11 000 gigawatts (GW) dans le monde. D’ici là, les sources d’énergie à faibles émissions connaîtront une croissance équivalente à « l’offre totale d’énergie aux États-Unis et au Japon aujourd’hui ».

Le deuxième vecteur réside dans l’électrification du parc automobile et dans le déploiement massif de pompes à chaleur (également appelées systèmes aérothermiques) dans les habitations, les entreprises et les bâtiments publics. Dans le premier cas, on prévoit que deux véhicules sur trois immatriculés en 2030 seront déjà alimentés par batterie ; dans le second, que le taux de croissance des ventes croît à un rythme de 20 % par an d’ici 2030, contre les 11 % enregistrés en 2022.

Parmi les éléments les plus positifs, l’Agence souligne que l’installation de panneaux solaires et le rythme d’adoption de la voiture électrique suivent le chemin tracé il y a deux ans pour atteindre les objectifs mondiaux de décarbonation. Et que les augmentations de capacité déjà annoncées dans les usines de panneaux photovoltaïques et de batteries seront suffisantes pour couvrir la demande attendue en 2030. Les technologies disponibles aujourd’hui seront capables, toujours selon leurs calculs, de fournir plus de 80 % de la réduction. d’émissions nécessaires alors.

Aide aux pays à faible revenu

Cependant, l’entité basée à Paris appelle à appuyer sur l’accélérateur dans les pays à revenu faible et intermédiaire. « Les politiques actuelles mettent les économies avancées et la Chine en mesure d’atteindre 85 % de leur contribution à l’objectif mondial. [de reducción de emisiones], mais des politiques plus fortes et un soutien international accru sont nécessaires pour les pays émergents et en développement », affirme-t-il. Dans tous les cas, l’AIE appelle à accélérer le traitement des projets renouvelables et à renforcer le réseau : « Pour atteindre l’objectif de zéro émission nette, les lignes de transport et de distribution doivent s’étendre d’environ deux millions de kilomètres chaque année d’ici 2030 ».

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