Les émissions des combustibles fossiles augmenteront à nouveau en 2022

Les émissions des combustibles fossiles augmenteront à nouveau en 2022

Les Les données compilé par le consortium scientifique Projet carbone mondial (GCP) et présenté ce vendredi à Sharm el Sheikh sont tombés comme un seau d’eau froide lors du sommet sur le climat (COP27). Selon les estimations de cet organisme, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) des combustibles fossiles vont augmenter 1% par rapport à l’année précédente jusqu’à 36 600 millions de tonnes. Un chiffre légèrement supérieur aux niveaux de 2019 enregistrés avant le déclenchement de la pandémie de coronavirus et qui, selon les analystes, complique l’objectif déjà difficile de limiter l’augmentation de la température globale de la planète à 1,5°C.

Les données n’ont cependant pas été une surprise car l’année dernière, lors du sommet sur le climat à Glasgow, les scientifiques du Global Carbon Project avaient prédit que les émissions continueraient d’augmenter en 2022. L’augmentation enregistrée en 2021 était de 5,1% par rapport à Niveaux 2020.

Si les émissions sont maintenues au rythme actuel, avertir les auteurs du rapport, il y a 50 % de chances que la hausse de la température mondiale dépasse 1,5 degré d’ici neuf ans.

« Nous constatons une nouvelle augmentation des émissions mondiales de CO2 fossile cette année, alors que ce dont nous avons besoin, c’est d’un déclin rapide »,
a déclaré Pierre Friedlingstein, responsable de l’étude et chercheur à l’Exeter Institute for Global Systems (Royaume-Uni). « Il y a des signes positifs, mais les dirigeants participant à la COP27 devront prendre des mesures importantes pour avoir une chance de limiter le réchauffement climatique à environ 1,5°C », a-t-il déclaré dans un communiqué de presse.

Le bilan inclut les émissions de CO2, principal gaz à effet de serre, générées par la consommation de pétrole, de gaz ou de charbon, y compris celles liées à la déforestation. Le total estimé pour 2022 sera de 40,6 milliards de tonnes, dont 36,6 milliards de tonnes correspondent au CO2 émis par les énergies fossiles et 3,9 milliards de tonnes aux changements d’utilisation des terres, comme la déforestation et la destruction des paysages.

L’estimation de 40,6 milliards de tonnes pour 2022 est proche des 40,9 milliards de tonnes atteints en 2019, le chiffre le plus élevé jamais enregistré.

Par pays, les émissions devraient diminuer en 2022 en Chine (0,9 %) et dans l’UE (0,8 %) et augmenter aux États-Unis (1,5 %) et en Inde (6 %), avec une augmentation de 1,7 % dans le reste du monde réunis.

Cette hausse est principalement tirée par l’utilisation du pétrole (+2,2 %), avec la reprise du trafic aérien après la baisse provoquée par les restrictions de la pandémie, et par le charbon, dont les émissions, en baisse depuis 2014, augmenteraient de 1 % et dépassent même leur niveau record pour cette année-là. Les émissions générées par le gaz ont augmenté de 0,2 %.

Le fait positif est que la tendance à l’augmentation des émissions provenant des combustibles fossiles est passée d’environ 3 % par an dans les années 2000 à 0,5 % par an ces dernières années. D’autre part, au cours de la décennie 2012-2021, les émissions de CO2 fossiles ont diminué dans 24 pays qui, ensemble, sont responsables d’un quart des émissions mondiales de CO2 provenant des combustibles fossiles.

changer la courbe

Corinne Le Qur, co-auteur du rapport et climatologue à l’Université d’East Anglia (UEA), estime que ces données sont le résultat de l’évolution de la pandémie et de la crise énergétique mondiale. « Si les gouvernements réagissent en accélérant les investissements dans les énergies propres et en plantant des arbres au lieu de les abattre, les émissions mondiales pourraient commencer à baisser rapidement », a-t-il souligné.

Son collègue Glen Peters est d’accord qui, dans des déclarations à l’AFP, a déclaré que « la conjonction de deux facteursla poursuite de la reprise post-Covid et la crise de l’énergie ».

Plus d’une centaine de scientifiques de 80 institutions font partie de l’équipe du Global Carbon Project qui calcule chaque année les émissions de CO2 ainsi que le budget carbone dit restant, c’est-à-dire la limite de dioxyde de carbone émise qui lui permet de rester en dessous d’un température globale donnée.

Au rythme actuel des dépenses de ce budget, il n’y a que une chance sur deux d’atteindre l’objectif le plus ambitieux en neuf ans fixé par la communauté scientifique, qui consiste à contenir l’augmentation de la température mondiale à 1,5°C. Les émissions de gaz à effet de serre devront baisser de 45 % d’ici 2030 pour avoir une chance d’y parvenir.

Selon les estimations de l’équipe, à 30 ans, il y a une chance sur deux d’atteindre l’objectif moins ambitieux des 2°C. Or, avec près de 1,2°C de réchauffement déjà enregistrés, les catastrophes climatiques liées au changement climatique se multiplient dans le monde, comme l’a fait s’est produit cette année au cours de laquelle il y a eu de nombreuses vagues de chaleur, sécheresses ou inondations dans de nombreuses régions du monde.

Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, il faut les réduire de 1 400 millions de tonnes chaque année, un chiffre comparable à la chute enregistrée en 2020 à la suite des restrictions dues à la pandémie, selon les calculs de cette équipe.

Lors de son discours d’ouverture à la COP27 lundi dernier, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a averti que « la guerre en Ukraine a révélé les risques profonds de notre dépendance aux combustibles fossiles » et a proposé « que tous les gouvernements prélèvent une taxe sur les bénéfices exceptionnels des entreprises de combustibles fossiles ».

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