EL PAÍS

Les villes apportent des solutions à la crise énergétique

Réhabilitation d’un immeuble résidentiel à Madrid.saint burgos

L’Europe est sous une tempête parfaite. L’intersection de crises multiples met les dirigeants et les citoyens des pays européens sous les cordes. À la crise sanitaire causée par le virus covid-19, dont nous avons à peine eu le temps de commencer à nous remettre, s’est ajoutée une terrible crise énergétique exacerbée par la pire guerre en Europe au cours des sept dernières décennies, une crise climatique qui nous a laissé de terribles vagues de chaleur et des inondations et une crise du coût de la vie qui aggrave les inégalités du continent et comprime les économies nationales avec des prix d’achat et des factures d’énergie inabordables pour beaucoup. Le mot pauvreté énergétique ne nous est malheureusement plus étranger.

Dans ce contexte inquiétant, le rôle des dirigeants locaux dans la crise énergétique est plus crucial que jamais, les gouvernements étant au plus près des besoins quotidiens de leurs citoyens. Les maires des grandes et petites villes européennes se sont efforcés de protéger les plus vulnérables du dilemme inacceptable de payer les factures d’énergie ou de manger. Les points de conseil en énergie tels que ceux promus par les villes de Barcelone ou de Rome sont devenus indispensables pour de nombreux citoyens désespérés en raison de l’augmentation du prix de l’électricité.

Des programmes d’aides tels que le remplacement des chaudières à charbon inefficaces et polluantes par des pompes à chaleur à Varsovie, qui ont été difficiles à démarrer, sont devenus la solution pour réduire le coût d’un confort thermique acceptable et abordable dans de nombreux foyers. Ou l’engagement de Milan d’installer 60 000 mètres carrés de panneaux photovoltaïques dans des bâtiments publics grâce à une collaboration public-privé pour promouvoir les communautés énergétiques. Mais il y a bien d’autres actions que les villes peuvent mener avec le bon soutien.

En avril 2022, les principaux maires européens du réseau de villes C40, conjointement avec l’Agence internationale de l’énergie, ont présenté un plan d’urgence en 10 points essentiels pour lutter contre la crise énergétique et réduire la dépendance aux énergies fossiles comme le gaz ou le pétrole. Ce plan identifie trois chantiers prioritaires : la promotion des énergies renouvelables, l’accélération de la réhabilitation énergétique profonde des bâtiments et la mise en place de programmes d’accompagnement des plus vulnérables. Ces mesures visent à renverser des décennies de manque d’investissement dans la mise en œuvre d’un système d’énergie propre, de bâtiments plus efficaces et de soutien à un système de transport plus durable. Avec le financement et le soutien adéquats, les villes peuvent montrer la voie pour sortir de la crise énergétique, réduire la pauvreté énergétique en Europe, améliorer la santé publique et créer des milliers d’emplois dans la nouvelle économie verte.

Réunion à Bruxelles

Le 22 février, une représentation des maires européens a rencontré à Bruxelles le commissaire européen à l’énergie, Kadri Simson, pour montrer leur soutien aux objectifs climatiques ambitieux de l’Union européenne et discuter du rôle des villes dans l’accélération de la réhabilitation des bâtiments. Le message des maires était clair : il est essentiel que les dirigeants européens triplent l’investissement dans la réhabilitation annuelle des bâtiments de 1% à 3% actuellement – en commençant par les ménages les plus vulnérables – si l’Europe veut atteindre son objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030, réduire la dépendance au gaz et accélérer la création d’emplois qualifiés dans la nouvelle économie verte comme l’a annoncé la présidente Ursula von der Leyen lors du lancement du plan industriel de la Pacte vert européen il y a quelques jours.

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Selon une étude récente de C40, cela équivaut à réhabiliter au minimum six millions de logements par an au cours des cinq prochaines années, soit 15 % de l’ensemble des logements européens, pour un coût approximatif de quelque 200 milliards d’euros. Investir un million d’euros dans la réhabilitation énergétique des bâtiments et l’installation de panneaux solaires a aussi six fois plus de potentiel pour créer de nouveaux emplois qu’investir le même montant dans des centrales à gaz.

L’Europe s’attend à recevoir des mises à jour sur les plans de relance et de résilience des États membres de l’Union européenne dans les semaines à venir, après avoir demandé que ces plans soient alignés sur le plan RePowerEU – le plan de l’Union pour lutter contre la crise énergétique -. C’est donc un moment crucial pour les pays européens, notamment ceux qui disposent d’une plus grande allocation de fonds de relance comme l’Italie ou l’Espagne, pour prendre en compte la nécessité d’être encore plus ambitieux dans leurs objectifs nationaux de réhabilitation énergétique. Ils auront leurs grands alliés dans les villes.

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