EL PAÍS

Points de basculement climatiques

Parfois nous ne sommes pas conscients de l’importance des changements dans lesquels nous sommes plongés, soit parce qu’ils sont très rapides ou très lents, soit parce que nous sommes juste à un tournant. Quelque chose comme cela se produit avec le changement climatique, avec une augmentation « lente » des températures qu’il est difficile de remarquer tout au long de la vie (et plus encore avec les fluctuations saisonnières) ; une augmentation « rapide » des événements catastrophiques (sécheresses, incendies, inondations) que le consensus scientifique attribue largement à l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère due à l’activité humaine ; et avec l’incertitude (au moins) que nous soyons à un tournant vers une accélération « irrémédiable », du moins à l’échelle de temps d’une personne. Les mesures d’atténuation d’aujourd’hui commenceront à avoir des effets pertinents avec un retard qui se mesure en cinq ans, selon la plupart des modèles disponibles.

La simple existence de scénarios très sévères, même s’ils étaient de faible probabilité, nécessite un tournant décisif dans les politiques d’atténuation du climat, ainsi que celles d’adaptation aux effets physiques déjà présents. Cependant, selon l’analyse de BBVA Research, les résultats de la COP 27 étaient des progrès, mais aussi une occasion manquée pour un tournant vraiment positif dans les politiques climatiques.

Au total, il y a des aspects clés de la transition vers une économie décarbonée qui progressent plus que linéairement, comme l’augmentation de la capacité installée d’énergie renouvelable. Il ne faut pas oublier que la production d’énergie représentait 19 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2019, plus que l’agriculture (13 %), l’industrie (12 %) ou les transports (9 %). L’Agence internationale de l’énergie vient de revoir ses perspectives pour les énergies renouvelables, rehaussant de près de 30 % ses précédentes prévisions d’augmentation des capacités installées pour les cinq prochaines années dans le monde (35 % en Chine et en Europe, 25 % aux États-Unis, près de 10 % en Inde). La dépendance aux énergies fossiles dans un scénario géopolitique de plus en plus fragmenté, avec la crise énergétique déclenchée par l’invasion russe de l’Ukraine, revient à baisser significativement et rapidement le coût relatif de la transition énergétique vers une économie décarbonée, peut-être plus que les bonnes intentions météorologiques. Pour cette raison, la décarbonation, cohérente avec l’atteinte de l’objectif de température de l’Accord de Paris, est encore loin, un retard qui renchérit également les coûts de la transition elle-même.

Le meilleur moment pour planter un arbre, ou pour mettre en place les incitations à la décarbonation les plus efficaces pour aider lorsque les craintes géopolitiques se dissipent, c’était il y a 20 ans, mais le meilleur moment est maintenant.

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