Rapport Planète Vivante : Que signifie réellement une réduction de 69 % des populations de vertébrés depuis 1970 ?

Rapport Planète Vivante : Que signifie réellement une réduction de 69 % des populations de vertébrés depuis 1970 ?

Une nouvelle édition du rapport Planète Vivante est à nouveau présentée ce jeudi, l’évaluation de l’état de la biodiversité que tous les deux ans – depuis 1998 – réalisent l’organisation WWF et la Zoological Society of London. La conclusion de ces travaux est qu’en près d’un demi-siècle il y a eu une diminution moyenne de 69% des populations de mammifères, d’oiseaux, de reptiles, d’amphibiens et de poissons sur la planète. Ce sont des données alarmantes, mais elles doivent être bien expliquées, car elles ne font pas référence au dénombrement global de ces animaux dans le monde, mais plutôt à un indicateur fait à partir des populations analysées.

Dans le cas, par exemple, du dauphin rose, un mammifère d’eau douce en voie de disparition, comme l’a détaillé Luis Germán Naranjo, directeur de la conservation du WWF Colombie, il existe différentes populations (groupes de la même espèce) dans les bassins fluviaux de l’Amazone et de l’Orénoque, mais les calculs du rapport Living Planet ont été effectués sur la base des données d’un seul d’entre eux ont étudié au Brésil. « Cette population a diminué de 65 % par rapport à la situation de référence [1970]mais cela ne veut pas dire que l’ensemble de l’espèce de dauphin rose a diminué de 65 % », explique le Colombien.

De même, la conclusion du rapport Planète Vivante n’est pas que de 1970 à 2018 (la dernière année analysée) l’abondance de tous les mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons sur la planète a diminué de 69%. Ce pourcentage fait référence aux 31 821 populations étudiées de 5 230 espèces surveillées dans le monde entier, un grand effort de recherche qui représente vraiment un petit avant-goût de l’énormité de la biodiversité dans son ensemble, puisqu’il existe environ 11 000 espèces différentes dans le seul monde des oiseaux et là sont encore beaucoup plus d’amphibiens. De plus, ce pourcentage est une moyenne de l’évolution de toutes ces populations animales très différentes, dont certaines se sont améliorées et d’autres se sont détériorées.

Dans l’ensemble, pour le WWF, les chiffres de cet échantillonnage des populations d’animaux sauvages dans le monde sont suffisamment solides pour montrer que « nous vivons une urgence planétaire » et que « des actions transformatrices de la part des gouvernements, des entreprises et des individus sont nécessaires de toute urgence pour inverser la situation ». . Selon Enrique Segovia, directeur de la conservation du WWF Espagne, l’Indice Planète Vivante n’évalue pas l’abondance globale des vertébrés dans le monde, mais il est utile comme indicateur de la santé des écosystèmes. « Cela sert à voir les tendances », commente Segovia, « cela nous dit que la biodiversité continue de baisser et qu’il y a des populations qui déclinent en moyenne beaucoup plus vite que d’autres ».

A ce stade, le rapport Planète Vivante 2022 souligne par exemple que les populations d’eau douce sont celles qui affichent la plus forte diminution, 83%, de celles étudiées dans l’ensemble du monde. Il s’agit des vertébrés analysés (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons), ce qui n’inclut pas le monde gigantesque des insectes. De même, les travaux affectent également la réduction significative des populations de requins et de raies océaniques analysées.

Des données inquiétantes en Amérique latine

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Par région, le rapport souligne que la réduction des populations de vertébrés surveillés en Amérique latine et dans les Caraïbes atteint 94 %. Cela représente la plus forte baisse enregistrée dans le monde, loin devant l’Afrique (-66%), l’Asie et le Pacifique (-55%), l’Amérique du Nord (-20%) ou l’Europe et l’Asie centrale (-18%). « Les données d’Amérique latine sont très inquiétantes », déclare Luis Germán Naranjo de Colombie, qui souligne également que cela a beaucoup à voir avec le fait de prendre 1970 comme année de référence. « Dans le cas de l’Europe et des États-Unis, leur les populations sont déjà elles avaient beaucoup diminué en 1970, car alors leurs écosystèmes avaient été beaucoup plus modifiés ».

Le rapport indique que les principales causes du déclin des populations d’animaux sauvages sont la dégradation et la perte d’habitats, la surexploitation des espèces, l’introduction d’espèces envahissantes, la pollution, le changement climatique et les maladies. Malgré le fait que plusieurs décennies se sont écoulées depuis la mise en place des premières politiques pour stopper la crise de la biodiversité, la vérité est qu’édition après édition de ce rapport Planète Vivante, la tendance des populations analysées ne cesse de baisser.

Pour mettre un terme à ce déclin inquiétant, l’organisation WWF appelle à un traité international sur la biodiversité similaire à l’Accord de Paris contre le changement climatique pour inverser la perte de diversité biologique. Si pour arrêter le réchauffement climatique, l’objectif est d’atteindre zéro émission nette d’ici 2050, les écologistes appellent à un pacte pour que d’ici 2030 non seulement la perte de biodiversité soit arrêtée, mais qu’un bilan positif soit atteint.

« Les dirigeants mondiaux se réuniront lors de la 15e Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB COP15) en décembre, une occasion unique en dix ans de corriger le cap au profit des personnes et de la planète », déclare le WWF, La communauté internationale demande « d’assurer un caractère positif d’ici 2030, c’est-à-dire qu’à la fin de cette décennie il y aura plus de nature qu’au début ».

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