L’Allemagne manquera les objectifs de 2030
La réaction à la pandémie, la guerre et la crise énergétique bouleversent les politiques de réduction des émissions dans le pays « modèle » de la transition écologique
(Rinnovabili.it) – Un tremblement de terre a frappé hier la politique climatique allemande, lorsque les chiffres sur les performances du pays en matière de réduction des émissions. Les objectifs climatiques de Berlin incluent une réduction de 65 % des gaz à effet de serre d’ici 2030. Mais ils ne seront probablement pas contactés. Il le dit le rapport des conseillers climat du gouvernement, une équipe de cinq scientifiques ayant un rôle consultatif auprès de l’administration fédérale. Si les objectifs de 2030 sautent, cela signifie que même l’objectif de zéro émission nette d’ici 2045 est fragile.
L’Allemagne n’est peut-être pas le seul pays à se trouver dans cette situation inconfortable, faite de promesses ronflantes et de réalité bien plus mince. Mais c’est pour l’instant le seul où l’expertise sous contrat avec le gouvernement ne se mord pas la langue. L’effet sur la réputation est douloureux. Non seulement pour la « grande Allemagne », mais pour l’ensemble de l’Union européenne. Les institutions européennes ont en effet promis d’être leader en matière de politique climatique et, parmi les États membres, l’Allemagne est celui qui a les objectifs les plus ambitieux. Mais aujourd’hui, les effets du rebond économique après la pandémie, conjugués à la guerre et à la crise énergétique, ont poussé de nombreux gouvernements à adopter des recettes démodées. La crise climatique, minutieusement mise à l’ordre du jour par les mobilisations de la jeunesse et des écologistes, a donc immédiatement disparu des radars.
Avec ses 130 mesures climatiques, le gouvernement allemand cible différents secteurs. Toutefois, les experts estiment que cela ne suffit pas. Les transports et la construction sont les secteurs les plus éloignés des objectifs, dit le dossier. D’ici 2030, ces dernières connaîtront un déficit de 35 millions de tonnes équivalent CO2 si des mesures urgentes ne sont pas prises. Mais dans le secteur des transports, il manquera entre 117 et 191 millions de tonnes.
À ce jour, on ne sait pas exactement comment cet écart sera comblé, et il pourrait même se creuser. Même si les mesures prévues seront pleinement mises en œuvre. En effet, selon le panel d’experts du climat, le calendrier contient « des inexactitudes et des incertitudes importantes ». Ainsi, dans une note, on lit que « la réduction globale attendue est probablement surestimée ».
«Nous constatons la nécessité d’une action de la part du gouvernement fédéral, à la fois pour améliorer la base de données factuelles sur la politique climatique, pour combler l’écart qui subsiste entre les objectifs et pour développer un concept global», a déclaré la vice-présidente Brigitte Knopf. Le programme de protection du climat est également inadéquat « en raison de manque d’évaluation des conséquences économiques, sociales et autres conséquences écologiques».