EL PAÍS

L’Allemagne rejoint le nouveau BarMar

L’Allemagne vient d’annoncer son adhésion au projet aujourd’hui connu sous le nom de H2Med (et avant BarMar) qui reliera la péninsule ibérique à la France et maintenant à l’Allemagne par un tube pour transporter de l’hydrogène vert. L’implication de la principale puissance européenne dans le projet lancé par les présidents espagnol, français et portugais lors du sommet qui s’est tenu à Alicante en décembre représente une impulsion importante pour le développement d’une infrastructure clé pour faire avancer le modèle de décarbonation énergétique qui promeut l’Union européenne . Mais cela renforce également le projet européen lui-même, puisque l’intention est que le tube ne se termine pas sur le territoire allemand, mais continue à l’avenir à travers l’Europe centrale et orientale. H2Med devient ainsi le premier corridor hydrogène vert de l’UE, ce qui renforcera sa sécurité et son autonomie dans le domaine énergétique, deux aspects fondamentaux que la guerre en Ukraine a révélés. On estime que d’ici 2030, il pourrait transporter 10% de toute la demande dans l’UE et son coût sera d’environ 2 500 millions d’euros, auxquels il faudra ajouter 4 670 millions supplémentaires pour les infrastructures de la péninsule ibérique.

L’Allemagne est prise entre la nécessité d’avancer dans la décarbonation de son économie ou de garantir l’approvisionnement énergétique demandé par l’industrie et les transports pour assurer son fonctionnement. Aujourd’hui, la première puissance européenne, avec les Verts dans le gouvernement de coalition, est contrainte de prolonger l’exploitation de deux centrales nucléaires et d’utiliser le charbon pour fournir l’électricité dont son économie a besoin. Berlin a adopté une stratégie nationale de l’hydrogène en 2020, mais elle avance lentement dans l’approbation des réformes législatives qui rendent possibles les investissements nécessaires pour convertir les réseaux gaziers actuels, comme l’ont prévenu les opérateurs allemands. L’agence environnementale du pays (UBA) a déclaré que l’Allemagne devrait mettre en ligne de nouvelles capacités renouvelables trois fois plus rapidement qu’elle ne l’a fait jusqu’à présent. Ce n’est qu’alors qu’il pourra atteindre 2030 avec 80 % d’énergie propre dans le mix électrique, comme cela a été proposé.

Pour l’Espagne et le Portugal, le projet répond à la revendication historique de mettre fin à l’isolement énergétique subi par la péninsule ibérique. Il est désormais possible d’espérer que les différentes administrations impliquées accélèrent les délais et renforcent ainsi la cohésion de l’UE en tant que véritable projet fédéral.

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