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Pablo Bustinduy, ministre de la Consommation : « Il est positif que les entreprises dénoncent les pratiques déloyales »

Le chercheur, professeur d'université et ministre de la Consommation depuis cinq mois, Pablo Bustinduy (Madrid, 41 ans), veut mettre fin à l'imposture environnementale à travers une loi qu'il espère voir adoptée avant la fin de l'année.

Demander. Pensez-vous que les consommateurs ont normalisé l’hypocrisie affichée avec le ?

Répondre. Nous avons passé des années à bombarder de publicités sur l'engagement environnemental des entreprises, sur des produits qui prétendent de manière générique produire moins d'émissions ou être durables, sans que l'on sache très clairement ce que tout cela signifie et dans le but clair de construire des images de marque. Il est conscient que ces messages ont peu de crédibilité, ou sont vagues, ou dans certains cas trompeurs. Nous avons besoin d’informations précises et de cohérence dans ces messages. C’est ce que cherche à faire la Loi sur la Consommation Durable, qui couvre les deux volets : celui de la consommation, avec la clarification de l’information, mais aussi la partie production.

Q. Comment un consommateur peut-il se défendre en ce moment, alors qu'elles n'entrent pas en vigueur ? Normes européennes ou la loi même que vous promouvez ?

R. C'est là le problème fondamental : jusqu'à présent, il incombe aux consommateurs individuels la responsabilité d'informer, contrastez ces informations. Comme si la transition vers un modèle durable dépendait de la somme de décisions individuelles. Non, c’est une question politique qui touche la société dans son ensemble. Nous devons garantir de la part des pouvoirs publics une information claire, accessible et vérifiée. Concernant les pratiques des entreprises qui abusent de ces messages vagues ou souhaitent obtenir un avantage illicite avec des messages qui ne correspondent pas à la réalité, il est vrai qu'il existe une réglementation qui permet de poursuivre les pratiques commerciales déloyales. Mais nous devons aller de l’avant en définissant clairement ce qu’est le greenwashing.

Q. La plainte d'Iberdrola contre Repsol a élargi ce débat. Ne pensez-vous pas que quelque chose ne va pas lorsque ce sont les entreprises qui doivent se poursuivre en justice ?

R. Il est vrai que cette plainte a donné une visibilité publique à cette réalité, mais je voudrais préciser que l'origine est dans la société civile : c'est dans l'activisme climatique, dans les organisations de défense des droits des consommateurs, qui ont traité la plainte devant le ministère de la Consommation. Affaires que nous étudions. Il y a aussi beaucoup de travail institutionnel au niveau européen qui dénonce ces pratiques depuis des années. En 2021 [la UE] Il a déjà dénoncé le fait que la moitié des réclamations des entreprises étaient infondées. Je pense qu'il est positif que les entreprises sensibilisent aux pratiques qui peuvent être déloyales. C'est un sujet de préoccupation.

Q. Avec la loi, ils veulent aller de l'avant à l’évolution de la réglementation européenne. Pensez-vous que c'est une bonne idée étant donné qu'en Espagne il n'y a pratiquement pas de sanctions pour publicité trompeuse sur ce type de sujet ?

R. Il existe un régime de sanctions qui peut être appliqué à ces pratiques si elles sont considérées comme illégales ou si elles visent à obtenir un avantage illicite. Mais le travail de définition et de clarification que nous allons réaliser avec la loi est très important. C'est un message que nous envoyons depuis l'Espagne : nous voulons ouvrir une voie qui cherche non seulement à garantir une information véridique aux consommateurs, mais aussi à faciliter la transition des modèles de production, de distribution et de commerce. Je crois que davantage de pays suivront notre voie.

Q. La loi fera-t-elle référence à un changement dans l'évaluation de la publicité que doivent effectuer des organisations comme Autocontrol ?

R. Autocontrol est une entité privée, elle fonde ses décisions sur les codes d'autorégulation publicitaire. C’est la situation dans laquelle nous nous trouvons, elle nécessite l’intervention des pouvoirs publics qui définissent les règles du jeu. C'est la principale vertu de la loi, un cadre réglementaire clair et garant.

Q. Y aura-t-il des sanctions pour ceux qui pratiquent ?

R. Il existe actuellement un régime de sanctions assez sévère, avec des sanctions allant jusqu'à 100 000 euros pour des pratiques considérées comme illégales. Ils peuvent également être sanctionnés de quatre à six fois le bénéfice illicite tiré de ces pratiques. Ce régime s'applique. Ce que nous n’avons pas, c’est une définition claire du blanchiment d’argent ; nous devons démontrer qu’il s’agit d’une pratique déloyale.

Q. Les entreprises affirment que de plus en plus d’entreprises préfèrent garder le silence et ne pas rendre publiques leurs progrès afin de ne pas s’exposer à du greenwashing. Qu'est-ce que tu en penses?

R.. Si les entreprises y ont recours, c’est parce qu’elles savent qu’il est bénéfique pour elles de construire une image de marque en ce sens. Il doit y avoir un cadre réglementaire qui encourage les bonnes pratiques. C'est ce que va faire l'indice de réparabilité. Il aidera les consommateurs à choisir des produits ayant un moindre impact environnemental et guidera le changement du modèle de production pour encourager la durabilité et la réparation des produits contre l'obsolescence programmée.

Q. NFRD, CSRD, Taxonomy, SFDR, maintenant la directive Green Claims et la directive Due Diligence, en plus des principes DNSH, des indicateurs PAI… Ne pensez-vous pas qu'un soutien législatif européen pour orienter l'économie vers la durabilité et que le consommateur peut prendre des décisions de manière responsable est-ce très complexe ?

R. C'est un domaine en développement, et cette complexité est le signe qu'il prend son essor. C'est pourquoi le travail de simplification est si important.

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