Régression environnementale à Madrid

Régression environnementale à Madrid

Le Tribunal Supérieur de Madrid a annulé les préceptes qui définissent le champ d'application des trois zones à faibles émissions (ZBE) de la Mairie de la capitale en acceptant un appel de Vox. L'arrêt ne remet pas en cause la nécessité de prendre des mesures contre la pollution de l'air ni n'analyse l'effet qu'aurait la suppression des ZBE, qui ont clairement contribué à réduire la pollution dans la capitale, sur la qualité de l'air et la santé publique. Leur objection est formelle : « l'insuffisance patente » du rapport d'impact économique des mesures incluses dans l'ordonnance communale.

La sentence n'est pas définitive, et les zones et les sanctions qui y sont liées restent en vigueur. La Mairie de José Luis Martínez Almeida (PP) dispose de 30 jours pour faire appel devant la Cour Suprême, et deux jours après avoir entendu le jugement, elle n'a pas encore décidé si elle le fera. Sans aucun doute, la faisabilité de la ressource doit être analysée juridiquement, mais il manque un message beaucoup plus fort de la part de la Mairie et de son maire pour défendre une mesure qui a contribué – en même temps qu'à une prise de conscience sociale – à ce que Madrid ait mis fin avec des années de non-respect des limites européennes de pollution. Le curriculum vitae d'Almeida dans ce domaine comprend l'activisme contre le projet de restriction de la circulation (Madrid Central) que sa prédécesseure, Manuela Carmena, avait lancé, jusqu'à ce qu'elle réussisse, en tant que maire, à le faire annuler par la Cour suprême en 2021 pour une autre question de forme.

Contrairement à tout consensus scientifique, l’extrême droite a fait du négationnisme climatique l’une de ses caractéristiques. Main dans la main, le PP traîne les pieds dans plusieurs des grandes villes où il co-gouverne en ce qui concerne l'obligation de stopper le trafic le plus polluant. C'est le cas par exemple de Valence, qui a conçu un ZBE minimum qui ne sera pleinement efficace que quatre ans. La loi sur le changement climatique impose la création de ce type de zones dans les 151 villes espagnoles de plus de 50 000 habitants. Alors qu’ils auraient dû être opérationnels avant 2023, seuls 24 en ont pour l’instant au moins un en service. À ces réticences s'ajoute désormais un arrêt qui pourrait créer une insécurité juridique ou fournir des arguments aux municipalités qui font tout leur possible pour ne pas les appliquer ou pour les affaiblir au maximum.

Alors que le PP se concentre autant sur l’Europe pour justifier ses politiques d’opposition, il ne faut pas oublier que le consensus européen s’engage clairement en faveur d’une mobilité plus durable dans les villes. Une capitale européenne comme Madrid ne peut pas offrir une image au monde extérieur qui ne soit pas celle d’un engagement le plus grand et le plus retentissant contre la pollution, qui a causé plus de 21 000 morts en Espagne en 2021, selon l’Agence européenne pour l’environnement. Ce revers juridique a une solution, mais pour y parvenir, le PP doit se démarquer de l’extrême droite négationniste. A lui de profiter de l'opportunité.

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