Détecteur de canular environnemental | Comment se fait-il qu’autant de régions du monde se réchauffent plus rapidement que le reste ?
Clémente Álvarez
Cette semaine, l'Agence européenne pour l'environnement a insisté sur le fait que le continent européen est celui qui se réchauffe le plus rapidement en raison du changement climatique, deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Cependant, si l'on cherche sur Google, on trouvera de nombreuses alertes provenant d'autres sites qui chauffent aussi plus vite que les autres : le Arctique, Moyen-Orient, Afrique, Russie, Chine, Australie, Canada, Mexique, États Unis, Amérique latine et Caraïbesla Antarctique… Cela crée de la confusion et ne donne pas beaucoup de crédibilité à l'alerte climatique. Selon le statisticien américain William M. Briggs, ironiquement : «Partout sur Terre, le réchauffement est plus rapide que partout ailleurs sur Terre». Il convient donc de se demander : qu’est-ce qui est vrai dans tout cela ?
La réalité est que, scientifiquement, il est vrai que dans tous ces endroits, l’augmentation de la température est supérieure à la moyenne. Cela se produit parce qu’il s’agit de zones terrestres sur une planète occupée à plus de 70 % par des océans. Comme l'explique María José Sanz, directrice scientifique du Centre Basque pour le Changement Climatique (BC3), « les masses d'eau se réchauffent beaucoup plus lentement que les terres émergées, il est donc évident que la surface de la Terre se réchauffe plus rapidement ».
Ceci explique la multiplication des alertes dans les zones terrestres sur la vitesse de réchauffement supérieure à la moyenne de la planète, mais il existe également des différences entre tous ces sites. Et si l’on parle de continents, l’Europe est effectivement celui qui se réchauffe le plus rapidement. Comme le souligne Sanz, également membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’un des facteurs les plus influents est ce qu’on appelle « l’albédo », qui détermine la proportion de rayonnement réfléchi par une surface. Dans les endroits recouverts de glace ou de neige, la majeure partie du rayonnement atteignant la surface est réfléchie. En revanche, dans d’autres zones (plus sombres) où cela ne se produit pas, la chaleur qui arrive est absorbée par la Terre, augmentant ainsi les températures. « L'Europe est dans l'hémisphère nord, et plus on se rapproche du pôle nord, de l'Arctique, plus il y a de réchauffement, car il y a plus de changements avec l'albédo. Aux hautes latitudes, où il y avait plus de surfaces couvertes de neige ou de glace, lorsque celles-ci disparaissent, l'albédo change et elles se réchauffent plus rapidement qu'avant », explique le chercheur.