EL PAÍS

La solidarité fait loi

Le Congrès a approuvé jeudi la loi sur la coopération internationale pour le développement durable et la solidarité mondiale. Toutes les forces parlementaires, à l’exception de Vox, ont soutenu un texte qui remplace la loi obsolète de 1998 et configure le cadre juridique dans lequel les efforts de solidarité internationale de l’Espagne seront développés dans le cadre d’un devoir moral et politique qui va au-delà de la situation économique. Avec la législation déjà approuvée en matière d’action extérieure en 2014 et 2015, la nouvelle réglementation forme désormais un cadre solide et parfaitement adapté aux exigences qui s’imposent à l’Espagne si elle veut renforcer sa présence et son influence internationales.

La loi est le résultat d’un processus participatif avec les secteurs concernés qui canalise et matérialise la vocation solidaire de l’Espagne, en l’alignant sur les engagements de l’agenda des Nations Unies sur le développement durable. La solidarité figurait déjà comme principe directeur dans la stratégie espagnole d’action extérieure (2021-2024) et contraint l’Espagne à participer activement à un monde « dans lequel les graves lacunes en termes de développement, de pauvreté et d’injustice, sous toutes ses formes » doivent être « corrigées avec l’urgence et la force qu’elles méritent ». En bref, il s’agit de dégager une idée sur laquelle faire pivoter le leadership international de l’Espagne, ainsi que la reconnaissance explicite de l’approche féministe qui doit prévaloir, selon la nouvelle loi, dans tous les domaines de l’action extérieure. Concrètement, le texte fixe pour l’année 2030 l’objectif d’allouer 0,7% du revenu national brut à l’aide publique au développement, et 10% de celui-ci ira à l’aide humanitaire (aujourd’hui il dépasse à peine 2%), dans un accord convenu avec les ONG. Par rapport aux 0,34% prévus pour 2023, l’effort économique que l’Espagne devra fournir dans les années à venir sera important.

Le développement réglementaire doit être réalisé dans les six prochains mois pour configurer la nouvelle Agence espagnole de coopération au développement comme un instrument stratégique, en plus de rédiger un statut coopératif qui inclut les conditions de travail des personnes qui se consacrent à la coopération et facilitent la conception d’une carrière professionnelle. Le Fonds espagnol pour le développement durable récemment créé, destiné à la coopération financière sous forme d’investissements ou de prêts, est un autre ingrédient d’une législation qui invite également les communautés autonomes à entreprendre des efforts similaires pour adapter leur législation en la matière au nouveau paradigme.

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