L’Espagne a besoin d’un plan énergétique et climatique ambitieux et réaliste
Le Gouvernement a présenté le projet de mise à jour du Plan National Énergie Climat (PNIEC) 2023-2030, soumis en audition publique jusqu’au 4 septembre et qui sera définitivement approuvé en juin 2024. La mise à jour comprend 46 mesures nouvelles ou actualisées et intègre davantage d’ambition climatique alignés sur les objectifs européens, dans le contexte géopolitique engendré par la guerre en Ukraine. Il porte la réduction des émissions à 32% en 2030 par rapport à 1990, contre les 23% précédents, pariant sur les énergies renouvelables, le stockage et la maîtrise de la demande.
Pour les énergies renouvelables, son poids dans la consommation finale d’énergie en 2030 augmente de six points à 48% —81% dans la production d’électricité—, accentuant le rôle des technologies éolienne et solaire photovoltaïque, pour lesquelles elle prévoit une capacité installée de 62 et 76 GW, respectivement, et le stockage, dont l’objectif est doublé, jusqu’à 22 GW. Dans le photovoltaïque, atteindre cet objectif signifie plus que tripler la puissance actuelle en seulement sept ans, devenant à partir de 2025 la principale source de capacité de production. Dans le reste, il n’y a pas de changement, prévoyant l’arrêt du charbon pour cette année-là et la fermeture du nucléaire entre 2027 et 2035.
Autre protagoniste, l’hydrogène vert, pour lequel 11 GW d’électrolyseurs sont attendus pour sa production à partir d’énergies renouvelables, à des fins industrielles. Le Plan met en avant son potentiel dans des secteurs difficilement décarbonables et intègre une nouvelle infrastructure, H2Med entre Barcelone et Marseille, pour laquelle il ne précise pas d’objectifs de production.
Pour concrétiser cette ambition énergétique et climatique, un investissement de 294 000 millions d’euros est estimé à mobiliser, de l’argent à 85 % privé et 15 % public, soit 53 000 millions de plus que celui du Plan précédent. Sur ce total, 40 % iraient à la production d’énergie renouvelable, 29 % aux économies et à l’efficacité et 18 % aux réseaux d’énergie. Ces investissements auraient un impact positif sur l’économie, augmentant le PIB de 2,5 % et créant jusqu’à 522 000 emplois supplémentaires en 2030. La dépendance énergétique de l’Espagne, quant à elle, serait réduite à 51 %, économisant plus de 90 000 millions d’euros.
Bref, une feuille de route qui, si elle se matérialisait pleinement et efficacement, donnerait une impulsion significative à la transformation énergétique et à la décarbonation du pays. Cependant, les questions en suspens (stockage, interconnexions), la difficulté à quantifier l’impact socio-économique des mesures —effets non linéaires de baisse des coûts et de gain de compétitivité, entre autres— et l’effet de levier privé finalement atteint, seront déterminants pour déterminer l’ultime réalité de l’ambition annoncée.